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Michael Derwael (ALRiM) : De bons tuyaux pour les crises de liquidité

La nécessité de nouvelles connaissances sur la nature multidimensionnelle du risque de liquidité est apparue lorsque les gestionnaires d'actifs se sont vus confrontés à la pandémie de Covid-19. Michael Derwael, membre du conseil d'administration de l'ARLiM et Global Independent Risk Management Officer chez MFS Investment Management, constate cependant que les recommandations existantes et la maîtrise d'une boîte à outils de gestion des risques ont permis au secteur de naviguer à travers la crise.

 

La crise du Covid-19 a-t-elle transformé le travail ou la mission du gestionnaire de risques ?

 

La crise a induit deux grands impacts : les risques inhérents à la création d'une main-d'œuvre majoritairement éloignée, ainsi qu’une crise des marchés. Celle-ci est venue rappeler opportunément que négliger les menaces, parce qu'elles étaient restées essentiellement bénignes pendant si longtemps, peut se révéler coûteux ; je fais ici référence aux risques de liquidité. Paradoxalement, ces événements ont mis en exergue la nécessité d'adopter une position plus globale en matière de risques plutôt que la tendance à la conformité spécialisée sur laquelle les gestionnaires s'étaient concentrés. Les responsables du risque devaient veiller à conserver des processus sains. Cela met en évidence l'importance des contrôles permanents et de la diligence raisonnable. L'accent doit porter sur la conduite des aspects multiples de l'éventuelle réémergence des risques de liquidité. Pour ce faire, il faut disposer d’une panoplie complète d'outils de gestion des risques : une compréhension de l'interaction entre les multiples aléas et la maîtrise d'une organisation guidant vers la combinaison la plus appropriée de ces outils, pour un résultat optimal.

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“La crise a rappelé opportunément que négliger les risques, parce qu'ils étaient restés essentiellement bénins pendant si longtemps, peut se révéler coûteux.”

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En quoi la réaction des marchés financiers à cette crise diffère-t-elle des précédentes ?

 

On peut, bien sûr, établir des parallèles avec les événements financiers passés, mais chaque nouvelle crise revêt un caractère unique et apporte ses propres défis. Par exemple, lors des crises antérieures, les processus de gestion des risques émanaient d’une réflexion et de tests pensés pour des structures centralisées et basées dans des bureaux. Le Covid-19 a créé des risques inédits, ne tenant pas compte de la transition vers le travail à distance. Cette situation aurait facilement pu entraîner une augmentation des défis opérationnels, les processus et communications clés ne fonctionnant plus aussi efficacement qu'auparavant, et restant susceptibles de s’effondrer. Nous avons également vu, sur ce marché en hausse depuis dix ans, les investisseurs courir après les rendements et miser sur des actifs moins familiers. Cela a créé une incertitude quant aux évaluations de certains segments d'actifs et aux risques de liquidité potentiels en cas de tentative de vente. Malgré ces défis, l'industrie financière luxembourgeoise a fait preuve d'une grande capacité d'adaptation et de résilience.

 

La crise a-t-elle apporté de nouvelles idées ou de nouveaux problèmes concernant le risque de liquidité ?

 

Si tout le monde s’accorde à reconnaître le risque de liquidité, il n'existe pas vraiment de consensus sur la meilleure manière de l'évaluer, de le gérer et de communiquer sur l'ensemble de ses composantes. La volonté des régulateurs d'encadrer et de rationaliser les approches offre des avantages flagrants, car elle facilite un solide dialogue. Les tentatives visant à imposer une seule façon de baliser la discussion peuvent présenter des inconvénients, puisque d'autres points de vue pertinents risquent de rester ignorés. Au départ, le secteur a contesté la pertinence et la rigueur des lignes directrices de l'AEMF concernant les tests de stress sur la liquidité. Toutefois, avec le recul, je pense que nous pouvons convenir de la grande utilité de certains de ces concepts, comme le profil complet de risque de liquidité, les tests de stress inversés, ou l’utilisation des LMT (outils de gestion de la liquidité). Ils ont permis d'évaluer les décisions relatives à la gestion du risque de liquidité et d'informer les clients et les régulateurs. Les gestionnaires d'autres juridictions n'ont pas eu la même chance que ceux du Luxembourg. Ici, les régulateurs nous ont autorisés à utiliser une gamme d'outils de gestion des liquidités aptes à faciliter le flux continu de celles-ci et, partant, à préserver la stabilité financière.

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