Francois Masquelier (ATEL) : L'ESG dans les fonds monétaires ? Et pourquoi pas!
Selon Francois Masquelier, Président de l'Association Luxembourgeoise des Trésoriers d'Entreprise (ATEL) et CEO de Simply Treasury partage, les fonds monétaires peuvent inciter les sociétés et les émetteurs à devenir plus responsables socialement et à rechercher la durabilité.
ESG et MMF
Les fonds monétaires « Money Market Funds » (MMF) peuvent eux aussi réaliser leur mue en fonction des critères environnementaux, sociétaux et de gouvernance (ESG). Le marché ne s'est intéressé que récemment aux stratégies ESG explicites au sein des MMF. Signe des temps ? Certainement. L'exemple des MMF choisissant de réduire leur exposition à Danske Bank en réponse aux facteurs de risque liés à la gouvernance ne manque pas d’intérêt. Il illustre bien les préoccupations en la matière. Le lancement de nouveaux MMF conformes aux critères ESG et la conversion de fonds existants pour mieux refléter cette tendance témoignent des changements et des attentes actuelles des acheteurs.
“Rien n’arrêtera ce raz-de-marée. Nous devons surfer sur la vague et adapter progressivement nos investissements et nos exigences.”
Calibrage et mesures des fonds
Les fonds doivent s'adapter aux exigences du marché en matière de responsabilité sociale des entreprises. D'implicite, le concept devient plus explicite dans les MMF, et les stratégies changent pour mieux répondre aux souhaits des investisseurs. Ils essaient d'appliquer des filtres pour sélectionner des actifs conformes aux normes "E", "S" ou "G". La difficulté réside dans la fixation d’une limite à l’investissement possible. Certains actifs s’imposent de façon plus flagrante que d'autres. Nous pouvons imaginer que tôt ou tard, les agences de notation ou les spécialistes ESG attribueront des cotes ESG ou évalueront et qualifieront la pertinence ESG. Les mesures ESG constitueront une question clé à résoudre avant de prétendre offrir des fonds « conformes » à leurs normes. L'inconvénient réside dans les coûts supplémentaires prévisibles. Si nous réduisons les actifs potentiels dans lesquels investir, les rendements pourraient se trouver affectés. Lorsque nous disposerons de davantage de fonds ESG, les actifs conformes deviendront rares et l'étendue des cibles éligibles figurera dans le collimateur de MMF plus nombreuses. Une concurrence inutile verra le jour.
Moteur du changement
S'ils se généralisent, ces comportements et tendances peuvent entraîner des difficultés à trouver sur le long terme des investissements équivalents aux liquidités à court terme. Se montrer plus vertueux et rechercher des actifs fidèles aux prescriptions ESG peut conduire à des situations déséquilibrées. Si le mouvement se fait progressivement, il peut obliger les entreprises et les émetteurs non conformes aux normes ESG à devenir plus responsables socialement et à briguer la durabilité. Le monde change, tout comme les gestionnaires de MMF. Aujourd'hui, nous savons que des acteurs majeurs comme AMUNDI, AVIVA, BNPP, CANDRIAM, SG, Blackrock ou State Street - soit environ 20 fonds - proposent des MMF ESG. Avec le temps, ce nombre augmentera sans aucun doute.
Rien n’arrêtera ce raz-de-marée. Nous devons surfer sur la vague et adapter progressivement nos investissements et nos exigences, mais aussi devenir plus socialement responsables.