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Thierry Wolter (Ceratizit) : vers une industrie luxembourgeoise durable 

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En 2021, la société autrichienne Plansee Group a pris la majorité dans le capital de Ceratizit. La famille Wolter reste actionnaire de cette firme de plus de 8000 employés dont le siège se situe toujours au Luxembourg, plus de 90 ans après la création de Cerametal. Interview.  

Pouvez-vous présenter Ceratizit en quelques mots ?  

Au Luxembourg, l'aventure a commencé en 1931, quand Cerametal fabriquait des filaments pour les ampoules. En 1948, la société s’est spécialisée dans le carbure de tungstène, qui reste son cœur de métier aujourd’hui. Nous produisons des outils de coupe hautement spécialisés, des plaquettes amovibles, des barreaux en matériaux durs et des pièces d’usure qui sont utilisés par exemple dans l'industrieautomobile, l’énergie et l’aéronautique. En 1975, nous avons créé notre centre de recherche à Mamer, ce qui nous a permis de renforcer notre leadership et d’amorcer un développement international en commençant par l’Angleterre et les États-Unis. Aujourd’hui nous employons plus de 8 000 personnes réparties dans plus de 30 sites dont une grande joint-venture en Chine. 1 300 personnes travaillent au Grand-Duché et nous avons accumulé plus de 1 200 brevets. Cette année, nous venons de dépasser 1,5 milliard d'euros de chiffre d’affaires.  

 

“ L’industrie locale constitue la solution au développement durable. " 

 

Comment le Luxembourg peut-il rester pertinent pour l’industrie ?  
Je pense que le pays dispose de 4 leviers principaux : d’abord les gens. Il devient si difficile d’en trouver partout en Europe que  ce facteur devient limitatif pour la croissance. Ici, nous disposons de personnes multilingues et qualifiées : des ingénieurs, des experts en marketing, en finance, en recherche. Ceci explique notre campagne  de publicité à l’aéroport : nous souhaitons attirer les talents les plus divers. Ensuite l’énergie : nous avons décidé d’utiliser de l’énergie verte dans toutes nos usines dès l’an prochain. Le Luxembourg offrait les prix de l'énergie parmi les plus bas d'Europe. En tant qu’utilisateurs de fours à haute température, nous espérons que cela va durer malgré la crise en Ukraine et que le pays va s’inspirer des Américains qui subsidient l’énergie verte au lieu de surtaxer et surréglementer l’ancienne énergie. Troisième point important, la recherche. Notre gamme est entièrement renouvelée tous les 10 ans environ. L’État doit continuer à soutenir la recherche de base mais aussi la mise au point de systèmes de simulations, l’utilisation de l’intelligence artificielle et l’extraction de valeur à partir des données.  

Nous embauchons notamment des data scientists. Dernier point, je pense que les politiciens doivent défendre l’industrie locale en montrant qu’elle constitue la solution au développement durable. Pour un pays comme le Luxembourg, l’industrie locale s’avère largement préférable à une dépendance envers d’autres pays. Elle crée des emplois, des taxes et favorise la consommation domestique à de nombreux niveaux.  

 

Comment améliorez-vous votre bilan carbone ?  

Notre footprint est réparti à égalité entre les 3 scopes : le scope 1 – les émissions directes lors de la production –, le scope 2 – l’achat d’énergie – et le scope 3 lié par exemple aux matières premières et au transport. Pour le réduire, nous utilisons déjà plus de 80 % de produits recyclés ce qui évite de nous approvisionner dans des mines situées au bout du monde. Nous utiliserons exclusivement de l’énergie verte dès 2023 et nous finançons des differents projets pour compenser nos émissions.Nous visons d’atteindre la neutralité carbone en 2025 et affichons l’objectif de devenir le producteur de carbure le plus “sustainable” au monde. Nous avons récemment lancé le premier carbure de tungstène vert.  

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