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Charlemagne : allemand à Berlin, français à Paris

La célèbre « Barbe Fleurie » ? Une légende. L'invention de l'école ? Un périlleux raccourci. Une certitude, cependant, Charlemagne appartient tout autant à l'histoire française qu'allemande et incarne la figure tutélaire de l'Europe.

 

Une chamaillerie séculaire

Depuis des siècles, deux nations se le disputent... Mais à la fin, l’Empereur était-il Français ou Allemand ? Pas si simple… Car aucun de ces pays n’existait alors et le royaume des Francs englobait la majeure partie des deux territoires. À la mort de Pépin le Bref,

cet immense domaine est partagé entre ses deux fils, Charlemagne et Carloman. Quand ce dernier meurt, en 771, Charlemagne devient seul souverain. S’ensuivront plusieurs décennies de conquêtes qui le verront s’emparer de la Lombardie, de l’Aquitaine, de la Bavière et de soumettre Frisons, Avars et Saxons. Aux commandes du plus vaste et du plus stable espace qu’ait connu l’Occident depuis la fin de l’Empire romain et les invasions barbares, il est sacré empereur par le pape en 800.

Mais cet embryon d’Europe est constitué d’une multitude de peuples dissemblables possédant chacuns leurs propres coutumes et lois. Depuis sa nouvelle capitale, Aix-la-Chapelle, Charlemagne va s’employer à cimenter l’édifice.
 

L'indispensable unification

Pour aplanir les disparités des territoires de son

empire, le monarque va engager de grandes

réformes administratives, économiques et judiciaires

par le biais de capitulaires que les comtes et les

évêques devront faire appliquer sous le contrôle

d’inspecteurs, les missi dominici. Une organisation d’une surprenante modernité qui permettra de réformer l’Église carolingienne, d’édicter des règles en matière de gestion des domaines impériaux ou

de rationaliser la levée des troupes et la perception

des impôts.

L’empereur décide, en outre, d’abandonner le système monétaire romain et de le remplacer par une nouvelle monnaie unique qui facilitera les échanges. De même il unifiera les poids et mesures et légiférera en matière de réglementation des prix ou de sécurité intérieure.

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L'héritage de Charles Le Grand

Charlemagne devint un symbole après la Deuxième Guerre mondiale. À la fin des années 1940, entre Guerre froide et obstructions des Britanniques - déjà ! -, l’idée européenne semblait au point mort. Quand

à Aix-la-Chapelle qui fut la première grande localité d’Allemagne de l’Ouest libérée par les alliés en 1945 un groupe de citoyens suggéra que la ville apporte sa pierre à l’unification du vieux continent en décernant, chaque année, une récompense à la personne - physique ou morale - ou l’institution ayant le plus contribué à l’unification européenne.

Le Prix Charlemagne était né. Konrad Adenauer en fut

le lauréat en 1954, le roi Juan Carlos d’Espagne en 1982, le peuple luxembourgeois en 1986 et l’historien britannique Timothy Garton Ash en 2017. Depuis 2008, le Parlement européen et la Fondation du prix inter-national Charlemagne d’Aix-la-Chapelle distinguent, eux aussi, des projets qui promeuvent l’identité européenne, portés par des jeunes de 16 à 30 ans. Aujourd’hui, à l’heure du Brexit et de la montée en puissance des nationalismes, force est pourtant de constater que l’idée d’Europe est, finalement, plus que millénaire même si elle a connu des périodes d’éclipse et de sombres heures. Et d’observer que les frontières de l’Empire carolingien d’alors correspon-dent pratiquement à l’Europe des Six de 1957, elle même mère de l’Union actuelle.

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