David Goldrake : la magie de la visibilité internationale
Magicien luxembourgeois, David Goldrake est parvenu à se faire un nom à Las Vegas. Il explique qu’un nouveau modèle commercial y a rendu la production d’un spectacle plus attrayante. Il prévient : une carrière internationale n'exige pas seulement un travail acharné, mais aussi la création d'une identité propre et une compréhension de la culture locale.
Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
Ma carrière de magicien professionnel a débuté en 1999. J'ai commencé au Luxembourg avant de lancer progressivement mes spectacles en France, en Belgique, en Allemagne et dans les pays voisins. En 2002, je me suis produit au Magic Castle de Los Angeles, dont je suis devenu un habitué. En 2014, j'ai eu l'occasion de me produire au Grand Sierra Resort de Reno. À l'époque, il s’agissait de la plus grande scène intérieure du monde : un Boeing était garé en coulisse. Conforté par les commentaires positifs des clients de Vegas, je me suis senti prêt à m’attaquer à cette ville. Vegas a toujours été un objectif pour moi. Je suis en tournée aux États-Unis et je prévois un évènement spécial au Luxembourg l'année prochaine pour marquer le 25e anniversaire de mon premier spectacle.

"Vegas a toujours été un objectif pour moi."
En quoi le nouveau modèle économique de Las Vegas a-t-il changé la donne ?
Auparavant, les artistes étaient payés par la salle de spectacle. Cependant, depuis 1995, elles ont compris qu'elles pouvaient transférer les responsabilités financières aux artistes eux-mêmes, éliminant ainsi la nécessité de les payer directement. C'est ainsi qu'est née la pratique des "quatre murs" : les artistes louent une salle, paient le personnel, organisent la publicité et produisent leurs propres spectacles. Ils génèrent et conservent une partie des revenus, mais sont entièrement autonomes. J'ai trouvé mes investisseurs ici, au Luxembourg. J'ai commencé avec des gens que je connaissais et j'ai fait appel à un expert financier pour nous aider à présenter notre dossier de manière efficace. Cela nous a permis de réunir le capital nécessaire. J'ai fini par louer une salle de 1100 places au légendaire Tropicana. Nous avons vendu des billets par l'intermédiaire des médias sociaux, mais les méthodes de vente traditionnelles ont été les plus efficaces.
Quelles sont les clés de la réussite à l'étranger ?
Pour réussir à l'étranger, travailler dur ne suffit pas. Comprendre et s'intégrer dans son nouvel environnement devient essentiel. Vous avez besoin d'une identité propre et d'une compréhension approfondie de la culture locale. Il est primordial de s'entourer de la meilleure équipe locale partageant votre vision. Les réseaux sociaux peuvent sembler élargir nos contacts, mais demeurent souvent superficiels. Ne partez pas du principe qu’un succès au Luxembourg se reproduira à l’échelle mondiale. Il existe un phénomène que j'appelle la "diaspora luxembourgeoise" : vous partez à l'étranger bercé par de grands rêves, mais la réalité s'avère plus ardue que prévu. Nous devons observer et assimiler les pratiques locales afin de nous adapter lorsque nous travaillons à l'étranger. Nous surestimons souvent notre cosmopolitisme en raison de notre taille et de notre situation géographique.