Arnaud Bon & Nick Tabone (Deloitte) : Le Luxembourg comme rampe de lancement des fonds
Nick Tabone, à la tête du Private Equity et vice-président de la LPEA (Association Luxembourgeoise du Capital Investissement), ainsi qu'Arnaud Bon, leader des Alternatives pour Advisory and Consulting chez Deloitte Luxembourg, affirment que des conditions réglementaires et de marché favorables font du Grand-Duché un point de départ idéal pour lancer des fonds alternatifs. Cependant, ils avertissent que la surréglementation et les pénuries de compétences devenir un frein à la croissance.
Comment évolue le paysage du private equity au Luxembourg ?
Un nombre croissant de gestionnaires alternatifs choisissent désormais le Luxembourg comme juridiction pour structurer et lancer leurs produits. L'augmentation significative des fonds au Luxembourg, tant en terme de nombre de fonds que d’actifs sous gestion, est en grande partie liée à la possibilité de structurer des SCSp : l’utilisation de ces structures comme fonds parallèles dédiés aux investisseurs européens, mais avec des caractéristiques très proches des structures mises en place dans d’autres pays (comme au Delaware par exemple) est une clé de ce succès. Cette croissance contribue fortement à l'économie luxembourgeoise, entraînant une augmentation significative du nombre de professionnels dans ce secteur, chez les gérants d'actifs comme les prestataires de services. Cette croissance du personnel s’est également traduite par le développement d’une forte expertise sur des activités de middle office (plus rarement, de front office) là où les activités en alternatif étaient essentiellement de back office il y a encore une décennie.
"Alors que l'industrie des fonds de capital privé est en plein essor, nous constatons un plateau sur le marché des UCITS."
Quels sont les risques et opportunités que vous voyez pour le Luxembourg dans ce segment important de notre économie ?
La règlementation de l'industrie est positive. Cependant, on a vu certains acteurs faire de l’arbitrage règlementaire au détriment du Luxembourg, pour éviter une surrèglementation locale. Par ailleurs, le pays peine de plus en plus à attirer les bons talents dans le secteur (comme dans d’autres). Le marché des actifs alternatifs n’a historiquement pas reçu l'attention qu’il méritait car on mesure ce secteur sur la base des actifs sous gestion, et non du capital levé ("commitments"). Or l’augmentation spectaculaire des capitaux levés au travers de fonds luxembourgeois ne se matérialise pas encore pleinement en actifs sous gestions (capitaux déployés).
Comment Deloitte soutient-il les acteurs du private equity ?
Deloitte Luxembourg est, globalement, un centre d’expertise unique à la fois sur des sujets de produits et stratégie de croissance mais aussi des sujets de transformation chez les acteurs du monde alternatif. Nous soutenons l'innovation des gestionnaires d'actifs dans la structuration de leurs fonds et produits. De ce point de vue, ELTIF II est un nouvel outil performant, en support des produits alternatifs ouverts que nous connaissons bien. Nous supportons également des gestionnaires à la recherche de scalabilité dans leur propre transformation, y compris sous des angles technologiques et notamment de data management. Nous conseillons également de plus en plus de gérants traditionnels se diversifiant dans l’alternatif (stratégies de « buy or build ») ou de gestionnaires de patrimoine cherchant pour leurs clients le bon accès aux classes d'actifs alternatifs. Finalement, notre position historique de leaders dans les services opérationnels aux fonds UCITS est une force pour supporter des gestionnaires de fonds alternatifs au travers d’une gamme de plusieurs dizaines de services allant de la production de rapports à la lutte anti-blanchiment ou encore la gestion de la conformité.