« Quand j’ai commencé le projet i-Hub il y a cinq ans tout le monde espérait, et ce depuis 10 ans, l'avènement d'une solution AML/KYC permettant la mutualisation » nous confie Pascal Morosini, son CEO. Spuerkeess, Banque de Luxembourg et Banque Internationale à Luxembourg, rejoignent POST Luxembourg et BGL BNP Paribas dans cet ambitieux projet. Un énorme pas en avant. Interview.
Pascal Morosini (i-Hub) : L’outsourcing des processus KYC prend son envol
Pouvez-vous présenter i-Hub en quelques mots ?
Il s’agit d’une solution d’outsourcing KYC pour la gestion de la « Customer Due Diligence » (revues et mises à jour des dossiers, ndlr). Notre système permet à nos clients – des entités régulées soumises aux lois AML/KYC - de migrer ou de créer les dossiers KYC de leurs clients dans notre applicatif. Cette capacité ouvre la porte à une sous-traitance hautement sécurisée dotée des dernières technologies de pointe pour automatiser tout le processus de revue des dossiers KYC de nos clients. Notre objectif est de rendre un « verdict » sur les dossiers traités et de lancer des actions pour compléter les dossiers revus. Ainsi, notre back-office valide par exemple les pièces d’identité ou tout autre document propre à la relation d’affaires de nos clients qu’il s’agisse de personnes physiques ou morales. Afin de récolter les pièces justificatives, nous offrons un outil de connexion digital permettant aux utilisateurs de déposer les documents demandés via leur application bancaire et de recevoir des alertes. Cerise sur le gâteau, il devient possible pour ces utilisateurs d’effectuer des modifications centralisées et de partager les documents validés par nos soins avec leurs relations d’affaires. Il y a 5 ans, quand j’ai commencé, tout le monde parlait depuis 10 ans d’un tel projet de mutualisation des dossiers KYC. La grande problématique de ce type de projet repose sur la confiance et donc sur la sécurité des traitements. Il s’avère impossible d’obtenir la confiance des banques sans une infrastructure IT et un contrôle de la sécurité au top niveau. POST a pris ses responsabilités pour lancer cette initiative sur des bases solides – nous somme un PSF de support régulé – nos données sont hébergées et sécurisées au sein d’un data center Tier IV à Luxembourg.
« Il est dans l’intérêt de toute la place luxembourgeoise de mutualiser afin de se conformer aux exigences du régulateur pour combattre la fraude »
Ce projet marque-t-il une tendance vers l’outsourcing ?
Absolument. A la vitesse où évolue la règlementation, les entités soumises aux lois AML veulent externaliser certains processus pour se concentrer sur leur cœur de métier. Avec i-Hub, elles économisent en moyenne 40% de leur processus KYC et réduisent la durée d'onboarding d'un client. Nous leur enlevons ainsi une épine du pied en gérant de nombreux aspects- contraignant- ce qui leur permet de se concentrer sur le contrôle et le service client. De plus, nos clients (prestataires de services) découvrent aujourd’hui les vertus de la mutualisation : lorsque plusieurs d’entre eux s’adressent à une même population, il devient plus facile d’accéder aux données AML/KYC déjà vérifiées des utilisateurs qu’ils ont en commun au sein d’i-Hub et qui ont consenti au partage. Ainsi pour des utilisateurs qui sont clients de plusieurs banques, aujourd’hui, une seule mise à jour centrale suffit ! Les banques au Luxembourg partent du principe qu’elles ne sont pas concurrentes sur le KYC. Il est dans l’intérêt de toute la place luxembourgeoise de mutualiser afin de se conformer aux exigences du régulateur pour combattre la fraude. Ensemble, les partenaires d’i-Hub deviennent plus résilients et renforcent la place avec des outils digitaux modernes.
Comment imaginez-vous l’avenir d’i-Hub ?
En 2023, nous hébergerons plus d’un million d’identités de personnes physiques et morales qu’il faudra recertifier suivant un calendrier bien établi et ce en parallèle avec l’arrivée progressive de nouveaux clients. Nous allons également nous développer à l’international en accueillant des clients internationaux servis depuis le Luxembourg ou localement. Nous visons l’Europe dans un premier temps. Nous voulons aussi servir les sociétés de gestion et les Corporate avec une offre qui leur ai adaptée. Dans l’ensemble, j’anticipe un durcissement de la législation AML/KYC. Il suffit de regarder la presse pour voir que les problèmes à résoudre se multiplient : vérification des identités, fraudes aux documents, contrôles des listes de sanctions, presse négative, sans oublier la lutte contre la corruption. Nous ne risquons pas de chômer et ceci me rend très confiant pour l’avenir.