Jean l’Aveugle : la légende d’un chevalier
Figure incontournable de l’identité collective du Luxembourg, le Roi de Bohême a largement contribué au rayonnement du Grand-Duché. Plus qu’une tête couronnée, Jean Ier est la parfaite représentation de ces héros intrépides dont l’histoire n’est pas sans rappeler le mythe des Chevaliers de la Table ronde…
L’apprenti roi
Jean Ier voit le jour le 10 août 1296. Malgré quelques zones d’ombre sur le lieu de naissance, plusieurs historiens s’accordent à dire qu’il serait né dans le comté de Luxembourg. Fils de Henri VII, comte de Luxembourg puis roi des Romains, et de Marguerite de Brabant, Jean Ier est rapidement confronté aux problèmes du pouvoir. A l’âge de 14 ans, il succède à son père en devenant comte de Luxembourg. La même année, son mariage avec Elisabeth, fille de Vanceslas II, lui permet d’être désigné comme le nouveau roi de Bohême. En 1313, il n’a que 17 ans quand son père décède à Buonconvento dans la région de Sienne. Malheureusement pour le jeune homme, il est encore trop immature pour prétendre succéder à son père aux commandes du Saint-Empire romain germanique. Dès lors, Jean Ier choisit de soutenir Louis de Bavière qui sera élu roi des Romains en 1314 puis couronné empereur des Romains sous le nom de Louis IV.
« De la Prusse au sud de l’Europe, le roi de Bohême est sur tous les fronts. »
Un chevalier sur tous les fronts
Le roi de Bohême n’aime pas vivre dans sa tour d’ivoire. Aux intrigues de palais, il préfère le tumulte des batailles. Dans la lutte qui oppose les Habsbourg et les Wittelsbach, Jean Ier renouvelle son soutien à Louis IV en combattant à ses côtés. En 1322, la victoire de Louis IV lors de la bataille de Mühldorf doit beaucoup au courage de Jean 1er. Le chevalier entretient également une relation particulière avec la France. En 1328, il vient en aide au roi de France Philippe VI en lutte contre des armées flamandes menées par Nicolaas Zannekin. La victoire des troupes de Philippe VI lors de la bataille de Cassel assoit encore un peu plus la réputation de Jean Ier. De la Prusse au sud de l’Europe, le roi de Bohême est sur tous les fronts. Des victoires retentissantes qui lui permettent d’agrandir son royaume : la Haute-Lusace, la Silésie, puis une grande partie de la Lombardie…
La naissance d’un mythe
En dépit des critiques qui remettent en cause sa gestion du royaume, le mythe de Jean Ier est en marche. Grâce à l’apport financier du roi de France, il développe les fortifications du comté de Luxembourg et favorise l’expansion de ce territoire. Durant son règne, il accordera également le statut de ville aux comtés de Laroche, Durbuy et Bastogne. En 1340, Jean Ier donne naissance à la Foire de Luxembourg qui bénéficie d’un emplacement idéal sur les routes commerciales reliant le nord au sud de l’Europe. Atteint de cécité, Jean Ier ne renonce pourtant pas aux champs de bataille. Lorsque Philippe VI lui demande son aide pour combattre les Anglais, il n’hésite pas à remonter à cheval. Un homme d’un courage sans bornes qui, jusqu’à sa mort en 1346 lors de la bataille de Crécy, n’aura cessé d’être en première ligne.