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Jerry Grbic (ABBL) : l’avenir de la finance 

Entré en fonction en avril 2022, Jerry Grbic, CEO de l’ABBL, entend répondre aux défis du secteur financier en focalisant ses efforts sur la numérisation, la régulation et l’éducation. Interview. 

 

Pouvez-vous présenter l'ABBL en quelques mots ? 

L'ABBL constitue la plus grande association professionnelle du secteur financier pour la majorité des institutions financières, des intermédiaires financiers réglementés et autres professionnels au Luxembourg, y compris les cabinets d'avocats, de conseil, les auditeurs, les infrastructures de marché, la monnaie électronique et les établissements de paiement. De plus, nous représentons la diversité de la place financière luxembourgeoise, nous permettant de donner à l'ensemble du secteur une voix au niveau national et international. Nous comptons effectivement 244 membres, dont 184 à part entière et 60 associés, et 20 affiliés dans notre Cercle FinTech actif. Nous fournissons à nos membres les renseignements, les ressources et les services nécessaires pour opérer sur un marché financier dynamique et dans un environnement réglementaire de plus en plus complexe. Une plateforme ouverte facilite la discussion des questions clés et définit des positions communes pour les activités financières et bancaires. 

« Notre mission reste la même : promouvoir le développement durable de services bancaires réglementés, innovants et responsables au Luxembourg. », Jerry Grbic

 

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Quels risques et défis identifiez-vous pour le domaine bancaire ? 

De nombreux défis, notamment l'environnement inflationniste actuel, suite à la récession économique provoquée par la pandémie, et les événements géopolitiques, existent. Ainsi, nous devons réagir face à l'incertitude et répondre aux 3 défis majeurs suivants : gérer la transition vers un modèle de finance durable, attirer les talents, et maintenir la rentabilité.  Concernant le premier, l'Europe demeure encore très dépendante des combustibles fossiles – principalement russes. Cette situation implique une transition vers les énergies renouvelables, et le domaine bancaire devra contribuer au financement de celle-ci, malgré un changement lent et coûteux. Par exemple, la Net-Zero Banking Alliance, dirigée par le secteur et convoquée par les Nations unies, rassemble des banques du monde entier représentant environ 40 % des actifs bancaires mondiaux et s’engageant à aligner leurs portefeuilles de prêts et d'investissements sur des émissions nettes nulles d'ici 2050, avec un objectif intermédiaire pour 2030. Ce point de départ n’exclut pas de pousser les banques à réaligner leurs portefeuilles à court terme. D’autre part, nous devons également gérer tous les règlements européens relatifs à la finance durable, et engendrant de nouveaux coûts et défis. Les banques doivent donc comprendre la situation de nos clients par rapport à l'environnement, dans quelle mesure ils peuvent être exposés, et comment nous pouvons les aider efficacement dans cette transition, en développant notamment notre propre expertise. En effet, nous voulons augmenter les connaissances parmi notre personnel et recruter des spécialistes. La nature de l'activité bancaire ayant évolué pour s'adapter à la fois à une réglementation plus stricte et à une numérisation accrue, les profils pour accomplir ces tâches ont changé. Nous constatons une pénurie de candidats qualifiés dans de nombreux domaines liés à la gouvernance, à la conformité et à la gestion des risques, ainsi qu'une pénurie absolue de personnel informatique. Nous devons offrir des conditions compétitives, au-delà du salaire, pour attirer les bons talents, notamment à travers les incitations fiscales pour les expatriés/impatriés, un travail flexible, particulièrement pour les travailleurs transfrontaliers. Nous devons pallier la pénurie de logements abordables au Luxembourg, et répondre aux problèmes d'infrastructure, comme le transport et la mobilité. La formation de nos propres talents constitue également une priorité pour l'ABBL, et nous travaillons en étroite collaboration avec diverses entités dans le domaine académique, de l'Université, de la Maison de la Formation, du Ministère de l'Education. Cependant, l'importance de la sphère financière pour l'économie locale manque de reconnaissance au niveau politique et académique. Enfin, nous avons récemment souligné qu'un cinquième des banques au Luxembourg ne rencontrent pas de rentabilité.

En effet, le coût énorme de la réglementation signifie que chacune doit posséder une certaine masse critique pour absorber ces coûts. Beaucoup de petites banques privées, soumises au même niveau de réglementation qu'un grand établissement, risquent de terminer consolidées, fusionnées ou cédées. La numérisation représente également un coût. Le secteur bancaire dispose de systèmes informatiques sûrs et sécurisés, mais pas particulièrement agiles. L'adaptation de ces systèmes pour pouvoir fournir les services que nos clients souhaitent, tout en maintenant la sécurité requise et en concurrençant les nouveaux acteurs, a coûté une fortune en temps et en argent. Ces nouveaux acteurs pouvaient créer leurs systèmes à partir de rien, en contournant le nôtre - assez maladroit, dont nous dépendions et en se concentrant sur le parcours du client dès le départ. Mais les conseils d'administration ont reconnu cela et nous assistons désormais à un changement de tactique. Nous avons beaucoup à apprendre de nos concurrents, notamment en travaillant plus étroitement avec les FinTechs. De nombreuses initiatives dans toute l'Europe jettent également un pont entre les banques traditionnelles et les start-ups. De ce fait, les premières peuvent tirer parti d'une technologie à faible coût. Les FinTechs peuvent arriver avec une idée embryonnaire et bénéficier de la richesse de l'expérience des structures traditionnelles pour les aider à développer les produits et services nécessaire au marché. Enfin, les clients bénéficient des services ultra rapides, efficaces et sécurisés qu'ils attendent de leur partenaire bancaire.   

  

Comment les besoins de vos membres évoluent-ils ? 

Nos membres ont eux-mêmes évolué et, bien que nous soyons toujours principalement axés sur les banques, nous avons ouvert notre association au cours des dernières années pour inclure des membres de l'écosystème financier au sens large. Nous continuons à défendre les intérêts de nos membres en matière de réglementation, en insistant toujours sur l'égalité des chances, la simplicité de la mise en œuvre et une approche pragmatique. De nouveaux défis se posent notamment en termes de finance durable, où la mesure, le reporting et la gestion de la responsabilité sociale des entreprises, de la finance responsable et des droits de l'homme gagnent en importance. Les sujets numériques tels que la cybersécurité, la gestion des données et le cloud computing, l'open banking, occupent quant à eux le premier plan. Néanmoins, notre mission reste la même, soit promouvoir le développement durable de services bancaires réglementés, innovants et responsables au Luxembourg. 

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