
Léon Gloden (Ministre de l’Intérieur) : Réalités de Terrain vs Promesses Dorées
Lorsque Léon Gloden a été nommé ministre de l’Intérieur en novembre 2023, les attentes étaient élevées. Le climat sécuritaire se détériorait depuis plusieurs mois, et son image d’homme politique expérimenté, attaché au pragmatisme, suscitait l’espoir. Avançons jusqu’en mai 2025 : quelques avancées se dessinent, mais des problèmes persistants continuent de dominer le paysage.
La criminalité perçue
Jusqu’à récemment, l’évaluation de la criminalité s’effectuait une fois par an, à travers le rapport annuel de la police. En 2025, un groupe WhatsApp rassemblant 798 habitants du quartier de la Gare partage quotidiennement des photos d’incidents : personnes déféquant devant les entrées, cris, bagarres, trafiquants de drogue occupant des carrefours la nuit ou dissimulant des substances dans des pots de fleurs. Les chiffres publiés par la police en 2024 montrent une baisse des crimes violents – meurtres et cambriolages – mais une hausse globale des infractions : 40 954 affaires recensées (+661), dont 18 225 vols (+821). Le groupe citoyen a déjà organisé plusieurs manifestations et tenu des échanges avec Lydie Polfer, bourgmestre de la Ville, Léon Gloden, ministre de l’Intérieur, ainsi que des représentants de la police. À chaque fois, les annonces ont laissé place à ce que beaucoup considèrent comme une action insuffisante.
Un ministre actif
Titulaire d’un master en droit européen et international, Gloden a siégé à la Chambre des députés entre 2009 et sa nomination comme ministre, tout en exerçant la fonction de bourgmestre à Grevenmacher de 2011 à 2023. Dès le début de son mandat, il a soutenu une interdiction de la mendicité et introduit une stratégie baptisée « 4P » : Personnel, Présence, Proximité, Prévention. Les contrôles de rue se sont multipliés. Une « Task force » contre le trafic de drogues, fortement médiatisée, s’est réunie en février. Des consultations avec habitants et commerçants ont été annoncées. Parmi les projets-clés figure le « Platzverweis », destiné à permettre à la police d’éloigner temporairement certaines personnes de l’espace public. Le texte suscite des critiques, mais le débat reste ouvert. Concernant l’immigration, Gloden défend une ligne plus stricte sur l’asile, tout en écartant les accusations d’autoritarisme. Il décrit son approche comme « équilibrée », guidée par « le cœur et la raison » : accueillir ceux qui remplissent les conditions, décourager les abus. Depuis 18 mois, le ministère se montre très actif, avec une communication soutenue sur ses initiatives.

La quête insaisissable d’une action décisive
Voici donc le constat : un ministre engagé, et une population informée en priorité par les réseaux sociaux et WhatsApp. Quel regard prévaut ? Celui du ministre, qui peut mettre en avant des données officielles rassurantes ? Ou celui du citoyen, témoin quotidien, smartphone à la main ? L’enjeu central aujourd’hui repose sur la capacité des responsables politiques à moderniser leur manière d’agir avec plus de transparence, de coopération, mais surtout plus d’efficacité. Le passage s’est opéré d’un cycle politique long – cinq années pour agir – à un contrôle permanent et instantané. Même un pays riche par habitant rencontre des difficultés pour recruter rapidement et déployer assez de forces sur le terrain. En 2024, la Police comptait 3 241 agents, contre 3 111 l’année précédente (+130). Une population habituée, depuis trois décennies, à voir ses besoins satisfaits rapidement se réveille désormais dans un monde plus compétitif, instable, incertain. Pourtant, la sécurité demeure un pilier fondamental de l’attractivité du Luxembourg. Le moment paraît venu d’attendre – et de revendiquer – une action plus nette, plus forte. Et ce, sans délai.