Kaspar Wansleben (LMDF) : l'importance du "S" dans ESG
Kaspar Wansleben, directeur général du Fonds luxembourgeois de microfinance et de développement (LMDF), assure que la nécessité de la croissance durable entre de plus en plus dans les mœurs et que les facteurs réglementaires soutiennent l'évolution du secteur de la finance durable. Interview.
Pouvez-vous présenter LMDF en quelques mots ?
Le Luxembourg Microfinance and Development Fund (LMDF), fonds d'investissement social luxembourgeois, a été fondé en 2009. Il compte parmi ses acteurs des particuliers, le secteur public et le privé. Il se concentre sur des institutions de microfinance (IMF) émergentes dans le monde entier, avec un accent spécial sur les pays situés dans la moitié inférieure de l'indice de développement humain (IDH). LMDF apporte des fonds aux IMF prometteuses, leur permettant de devenir des partenaires solides pour les micro-entrepreneurs à la recherche d'une offre fiable et équitable de services financiers de base. Lorsqu'elle recherche un investissement, LMDF prend en compte trois critères essentiels. Premièrement, une vocation sociale affirmée : LMDF soutient des organisations ayant une vision et une mission sociale fortes, orientées vers l'émancipation des femmes, des jeunes, des populations rurales et des plus exclus. Deuxièmement, complémentarité : le fonds cible des niches et des marchés sous-développés et aborde certains domaines complexes de l'inclusion financière. Troisièmement, IMF émergentes : LMDF se concentre sur les entités avec un modèle économique établi dans le secteur local de la microfinance, mais pour lesquelles le manque de financement constitue un obstacle à la croissance et à l'atteinte de clients plus nécessiteux.
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“L'entrée en vigueur de la SFDR a marqué un pas dans la bonne direction, mais d'autres réglementations et orientations tout aussi nécessaires doivent encore voir le jour.”
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Quelles références ESG conditionnent les investissements de LMDF ?
Étant donné la nature des actifs dans lesquels LMDF investit, nous n’avons pas défini de référence en soi. Les repères typiques utilisés par les fonds traditionnels perdent en pertinence lorsqu'on travaille avec des institutions de microfinance émergentes. A la place, le fonds a sélectionné une variété de paramètres de performance sociale, suivis de très près. Cela permet aux tendances de s'affirmer au fil du temps. Parmi les indicateurs clés dans notre viseur, citons le nombre de microentrepreneurs touchés, la proportion de financements accordés aux femmes et aux personnes vivant dans des zones rurales et les zones géographiques concernées. Nous gardons l’œil, par exemple, sur le ratio de nos prêts destinés à l'Afrique subsaharienne. Ces résultats font l’objet d’une compilation régulière dans des rapports de performance sociale. A la lumière de notre dernière publication, nous constatons avec bonheur que nous avons travaillé avec plus de 296 000 micro-entrepreneurs et que plus de 70% d'entre eux opéraient dans des régions à IDH faible ou moyen. Bien que le Fonds ne dispose pas d'un indice de référence, nous scrutons les résultats des investissements individuels par rapport à l'outil SPI4 de Cerise. Cet instrument examine le niveau de performance sociale d’une institution. Nous analysons toutes les valeurs et déterminons le bien-fondé d’un placement ou la nécessité d’une assistance technique, fournie par notre conseiller en investissement ADA.
Comment voyez-vous les critères ESG remodeler la finance durable dans les 5 prochaines années ?
Avant la pandémie de COVID-19, nous observions un intérêt accru pour l'ESG, ou plutôt dans notre cas, pour le domaine de l'investissement d'impact. Ces tendances se sont accélérées. Nous constatons maintenant une meilleure compréhension de la nécessité du développement vertueux. Les facteurs réglementaires soutiennent d'ailleurs également les progrès du secteur de la finance durable. Néanmoins, alors que les analyses sur la performance financière reposent sur des normes communes, les pratiques en matière de rapports ESG restent assez fragmentées. En mars 2021, la mise en application de la SFDR a marqué un pas dans la bonne direction, mais d'autres réglementations et orientations tout aussi utiles doivent encore voir le jour. Une grande attention a été portée sur le "E" dans ESG, et nous espérons vraiment que le "S" ne restera pas sur le côté dans le processus. Sinon, une fragmentation similaire dans les approches et la mesure pourrait bien persister.
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