Patrick Hansen (Luxaviation) : parti de rien pour prendre son envol
Lorsque Patrick Hansen devient PDG de Luxaviation, l’entreprise évolue et passe alors d’une société luxembourgeoise en difficulté et disposant d’un seul avion en 2010, à l’actuel second opérateur d’aviation d’affaires mondial. Durant sa présentation lors de la conférence LPEA Insights du 25 avril, les professionnels du private equity purent entendre son intervention.
​
D’investisseur passif à PDG pragmatique
À l’origine, Patrick Hansen se présentait comme un investisseur passif au sein de l’opérateur d’aviation d’affaires Luxaviation. Mais en 2010, l’autorité aéronautique du pays lui imposa un choix difficile : prendre la direction de l’entreprise en difficulté, disposant seulement d’un avion et de 843 € en banque, ou voir sa licence d’exploitation révoquée. Patrick Hansen, entrepreneur accomplit ayant auparavant lancé Athome.lu et Monster.lu au Grand-Duché, franchit alors le pas — avec un business model adapté à la nature complexe d’une entreprise comprenant des avions, des terminaux d’aviation d’affaires et des installations de maintenance. Le nombre de jets d’affaires possédés par Luxaviation passe de 1 à 260 en 8 ans, juste derrière NetJets de Warren Buffet. ». Posséder les avions demeure toutefois accessoire pour Luxaviation qui en possède moins de 10. Le reste appartient en effet à des sociétés ou à des particuliers fortunés pour lesquels Luxaviation fournit des services opérationnels et de maintenance, et affrète l’avion lorsque le propriétaire n’en fait pas usage.
​
"Le nombre de jets d’affaires possédés par Luxaviation passe de 1 à 260 en 8 ans, juste derrière NetJets de Warren Buffet."
Se consolider ou faire faillite
​
Luxaviation se trouvait à court de liquidités lorsque Patrick Hansen prit la relève, ce problème semblant toutefois toucher l’ensemble de l’industrie. La plupart des compagnies de jets privés ne possédaient qu’un seul avion certifié pour l’exploitation, 160 en possédaient entre deux et quatre, et environ sept en possédaient plus de 20. « Nous ne pouvions clairement pas gagner de l’argent avec un seul avion, ni même avec cinq, il nous fallait donc nous développer - et de manière assez rapide », précise Patrick Hansen. Dans un marché où le pouvoir d’achat constituait un élément important et où de nombreux acteurs se destinaient soit à la faillite, soit au rachat par des rivaux, il décida de suivre la voie de la consolidation - une meilleure option par rapport à l’insolvabilité. Avec ses collègues il se lance en 2011 avec un concurrent allemand plus grand que Luxaviation, mais au bord de la faillite. L’achat de la société belge Abelag représenta une autre étape cruciale. Cet achat s’accompagna d’une exploitation à base fixe et d’un monopole sur les terminaux de jets privés — « une licence générant énormément de profits ». Située à l’aéroport de Bruxelles, elle comprenait également une installation de maintenance.
​
Se mondialiser
​
En 2015, une injection de fonds du nouvel investisseur China Minsheng Investments Group, à hauteur de 30 %, permit à Luxaviation de faire une avancée décisive en acquérant ExecuJet, faisant entrer Luxaviation sur le plan mondial. Cela se révéla important en raison de l’effondrement de l’utilisation des jets d’affaires, dans l’hémisphère nord, pendant les mois d’hiver. Désormais, l’entreprise ajoute des trajets en hélicoptères à son offre, réalise environ 40 000 vols et 53 000 heures de vol par an, dispose d’un effectif de plus de 1 700 salariés et d’un chiffre d’affaires annuel s’élevant à 600 millions d’euros. Les activités auxiliaires du groupe comprennent aujourd’hui l’assistance au sol et la maintenance, des services de ravitaillement en carburant et le courtage d’avions. Mais Patrick Hansen reconnaît qu’un marché reste hors limites : « Notre éloignement par rapport aux États-Unis s’explique par deux raisons — la première réglementaire, et la seconde NetJets de Warren Buffet » témoigne-t-il. « Il dispose de bien plus de moyens, je pense donc qu’il convient de ne pas entrer en compétition avec lui ».