Marcel Bleustein-Blanchet : La pub dans l'ADN
Autodidacte pionnier publicitaire français, dans un pays se méfiant alors de la réclame, il fonde Publicis, aujourd’hui 3ème groupe mondial de communication.
À la conquête des médias
Né le 21 août 1906 dans une famille d’émigrants juifs russes, Marcel Bleustein grandit à Montmartre, quitte l’école à 14 ans, avec un certificat d’études, et commence à travailler dans le magasin de meubles paternel. En 1926, il lance sa propre agence de publicité, Publicis – compression des mots « publicité » et « six » son chiffre porte-bonheur – dans un petit studio, rue Montmartre. En quête de clients, il pratique le porte-à-porte et vante les avantages de la réclame. Ambitionnant de conquérir les médias de l’époque, il rachète une radio, l’intitule Radio-Cité, en fait la plus grande station privée de l’entre-deux guerres, et diffuse les premières émissions financées par des annonceurs. Il vend également de la publicité dans les cinémas, et monte Régie-Presse spécialisée dans l’espace publicitaire pour journaux. À 30 ans, il devient millionnaire.
“Si vous attendez que les choses changent, elles changeront sans vous”
L’inventeur de la pub moderne
Après l’invasion allemande de mai 1940, il fuit en Angleterre, s’engage dans les Forces Française Libres comme agent de renseignement sous le pseudonyme de « Blanchet ». Capturé, il s’échappe et entre dans la Résistance. De retour à Paris à la Libération, Bleustein-Blanchet repart de zéro. En 1946, il rouvre Publicis sur les Champs-Elysées, reprend ses anciens clients et son personnel. En 1954, la société remporte avec Colgate-Palmolive puis Nescafé ses premiers grands contrats internationaux. En 1957, elle déménage face à l’Arc de Triomphe et développe une filiale (Publicis Corp) à New York. Précurseur de la communication corporate en France, Bleustein-Blanchet imagine un département « Information industrielle », dédié à la publicité, du produit à l’organisation. Inspiré de Gallup, l’inventeur des sondages, il introduit aussi les enquêtes d'opinion et de motivation à la publicité. En 1958, il inaugure le premier Drugstore Publicis à Paris.
Un héritage mondial
En 1959, il crée la Fondation de la Vocation, pour venir en aide aux jeunes Français de 18 à 30 ans, défavorisés et n’ayant pas les moyens de poursuivre leurs rêves et vocation, une idée née de sa période de captivité. En 60 ans d’existence, l’organisme philanthropique a remis plus de 1.600 bourses. En 1987, Marcel Bleustein-Blanchet transmet la direction de Publicis à Maurice Lévy. Celui-ci présidera le directoire du groupe pendant 30 ans. Le fondateur meurt le 11 avril 1996 à Paris. Il laisse un géant de la pub et de la com’ aujourd’hui valorisé à 7 milliards de dollars, et comptant 80.000 employés dans 100 pays. Elisabeth Badinter, sa fille, écrivaine, philosophe et féministe, prend la tête de son conseil de surveillance, puis cède le poste à Lévy en mai 2017, remplacé par Arthur Sadoun.