
Vlad Paraschivescu (mebs) : L’ architecte de la conformité
La conformité, un enjeu complexe que les entreprises ne peuvent plus ignorer. Vlad Paraschivescu, responsable conformité chez mebs, nous explique pourquoi l’humain reste indispensable dans ce domaine.

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Quels défis les exigences réglementaires posent-elles actuellement ?
Quatre grands enjeux ressortent. D’abord, la continuité d’activité : sans conformité, une entreprise risque de perdre sa licence, de subir des amendes ou d’endommager sa réputation. Ensuite, viennent les coûts. Plus d’exigences impliquent plus de travail, et donc plus de ressources, principalement pour recruter et retenir les talents. Troisième point : la montée en charge. Toute entreprise souhaitant se développer devra suivre un nombre croissant de règles. Fini le temps où une seule personne maîtrisait tous les sujets. Il devient indispensable de se spécialiser, tant au niveau des entreprises que des collaborateurs. Enfin, les systèmes informatiques jouent un rôle central. Ils constituent l’infrastructure de l’activité, car sans eux, les tâches complexes, comme le reporting, devraient être réalisées manuellement. Un gouffre en termes de temps et d’efficacité.
Comment la spécialisation redéfinit-elle le rôle des responsables conformité ?
Une certaine polyvalence reste nécessaire, mais jusqu’à un certain point. Lutte contre le blanchiment, obligations KYC, réglementation ICT, ESG… ces sujets exigent des spécialistes dédiés. La difficulté consiste à maintenir la cohérence entre tous ces volets tout en avançant. La conformité ne devrait pas bloquer le business. Elle devrait montrer comment atteindre un objectif malgré les contraintes. Exception faite pour des situations extrêmes, comme un client sous sanctions internationales, il s’agit surtout de traiter efficacement les risques au quotidien. Une gestion efficace de ces risques crée de la valeur, et pour cela, il faut une spécialisation verticale : comprendre l’intégralité du processus, même si l’intervention ne couvre que certaines étapes. Cette vision globale permet de relier les points et d’anticiper. Autre condition essentielle : connaître le métier, comprendre le marché. Sans cette sensibilité business, la portée du rôle reste limitée. L’équilibre entre spécialisation technique et vision stratégique s’avère difficile à maintenir, mais il détermine l’efficacité du métier.
"Il faut maîtriser l’ensemble du processus, de A à Z, même si l’on n’en traite que les étapes B et C."
Quel avenir pour les professionnels de la conformité ?
L’intégration d’outils technologiques dans l’approche devient incontournable. Certains évoquent même une automatisation complète, mais ces outils – y compris l’intelligence artificielle – doivent rester des moyens, non des finalités. L’IA peut repérer des tendances, analyser des données, mais une intervention humaine reste indispensable pour en extraire un sens pertinent. Sans cela, les professionnels risquent de devenir des copies standardisées, incapables d’apporter une véritable valeur ajoutée. Et les régulateurs n’accepteraient sans doute pas une conformité entièrement automatisée, sans supervision humaine. Imaginer un monde où deux IA dialoguent sans intervention humaine soulève des questions vertigineuses. Le facteur humain reste crucial, surtout lorsqu’un imprévu survient.