Philippe Seyll (Clearstream Fund Centre Luxembourg): une nouvelle banque est née
18 ans après avoir rejoint Clearstream, Philippe Seyll prend la tête d'une nouvelle entité, Clearstream Fund Centre Luxembourg, avec de grandes ambitions de croissance. Interview.
Pouvez-vous nous présenter Clearstream Fund Centre Luxembourg en quelques mots ?
Clearstream Fund Centre Luxembourg assure l'activité d’exécution des fonds au sein de l'activité Fund Services de Clearstream. Il s'agit d'une nouvelle banque que nous avons créée au Grand-Duché et dont la raison d'être est d'offrir un écosystème aux gestionnaires d'actifs et aux distributeurs de fonds d'investissement, afin de faciliter leurs activités de collecte de fonds. Nous leur fournissons principalement deux types de services : d'une part, l'exécution de transactions, avec un demi-milliard de transactions par an, et d'autre part, la conservation de parts de fonds, avec 3 500 milliards d'euros en conservation, loin devant notre concurrent le plus proche. La principale raison de la création de Clearstream Funds Centre Luxembourg en tant qu'entité distincte est la maturité de nos services : Clearstream est réglementée en tant que dépositaire central de titres (CSD/DCT), tandis que nos activités de fonds correspondent au régime MIFID. La création de la banque marque sa migration vers un régime réglementaire plus approprié, nous permettant d'une part de développer des services supplémentaires, et d'autre part d'offrir à nos clients des services spécialisés pour les gestionnaires d'actifs et les distributeurs. Dans le même temps, nous renforçons deux activités dans lesquelles nous sommes déjà internationalement reconnus comme des champions.
"Nous ne devons pas avoir peur de viser haut."
Quels sont vos objectifs à court et moyen terme ?
Nous nous sommes fixé trois objectifs à court terme pour Clearstream Fund Services. Premièrement, nous voulons honorer la confiance du régulateur et démontrer notre capacité à servir nos clients en respectant à la lettre toutes les règles de conformité. Deuxièmement, nous voulons développer nos services de distribution de fonds d'investissement. Nous avons signé un certain nombre de contrats importants qui nous permettront de consolider notre position de leader. Enfin, la récente acquisition de Kneip nous permet de faciliter l'accès aux données des fonds pour nos clients et d'aborder leurs données de manière beaucoup plus efficace, tant en termes de structuration que de diffusion. A ce titre, nous opérons dans l'espace 'regtech', en rendant les contraintes réglementaires plus gérables. Il s'agit d'un premier exemple de création de services dans notre écosystème de gestionnaires d'actifs et de distributeurs. À plus long terme, nous souhaitons déployer notre offre dans le domaine des fonds privés, où notre expertise crée une valeur considérable en répondant aux besoins spécifiques de cette classe d'actifs, notamment dans le cadre de la vente au détail du Private Equity avec des tickets d'entrée de plus en plus bas.
Comment voyez-vous Clearstream Fund Services dans quelques années ?
Cela fait 18 ans que je développe cette activité au sein de Clearstream. Il y a 15 ans, cette activité générait moins de 10 millions d'euros par an. Aujourd'hui, nous avons généré près de 400 millions d'euros et nous avons l'ambition d'augmenter le chiffre d'affaires encore davantage et de manière substantielle dans les années à venir. Nous ne devons pas avoir peur de viser haut, car il existe de nombreuses synergies qui nous permettent d'envisager l'avenir avec optimisme. Ma mission est de faire du Luxembourg un champion européen des données sur les fonds.
"La création de la banque marque sa migration vers un régime réglementaire plus adapté à nos activités."