"Aujourd'hui, l'industrie est fortement exposée à des bouleversements sans précédent. L'Europe et les gouvernements nationaux doivent agir pour ne pas rater le coche du renouveau industriel."
Pouvez-vous présenter votre association en quelques mots ?
Fondée en 1918, FEDIL est une fédération d'entreprises multisectorielle qui donne la parole aux industriels et aux entrepreneurs et favorise l'économie luxembourgeoise. Aujourd'hui, FEDIL représente environ 700 membres, 37 secteurs d'activité et 21 associations sectorielles. En ce qui concerne l'écosystème luxembourgeois, les membres de la fédération représentent 95 % de la production industrielle, 75 % de la recherche privée, 25 % de l'emploi et 35 % du PIB. "Relations de travail & Talents", "Energie & Environnement" ainsi que "Numérique & Innovation" sont les principaux axes thématiques sur lesquels la FEDIL apporte à ses membres conseil et soutien et formule des expertises et des recommandations. Il va sans dire que ce sont précisément ces questions qui préoccupent nos entreprises en ces temps difficiles et qui nécessitent un dialogue constructif continu avec toutes les parties prenantes de notre écosystème au Luxembourg et à l'international.
René Winkin (FEDIL) : Définir une politique industrielle à la hauteur des enjeux
"L'industrie offre des solutions. Traitez-la comme un partenaire de confiance !"
Quels sont les nouveaux défis et opportunités que vous identifiez ?
L'économie en général et l'industrie en particulier sont confrontées aux énormes défis de la transition écologique et de la transformation numérique, et ce dans un contexte actuel de "polycrise", marqué par les conflits géopolitiques, la réorientation des approvisionnements énergétiques, l'accès critique aux matières premières, le maintien de l'inflation.... Nombre de nos entreprises sont confrontées à de multiples incertitudes, voire à de graves conséquences liées à l'augmentation du coût de l'énergie et des matières premières. Fidèle à son engagement, FEDIL travaille en permanence pour que l'action politique soit à la hauteur de ces défis. Nous sommes également profondément convaincus que l'industrie peut apporter les solutions nécessaires à la réussite de l'inéluctable mutation technologique, à condition qu'on lui fasse confiance et que son potentiel de créativité et de croissance ne soit pas étouffé par toutes sortes de barrières réglementaires. Il est urgent d'agir pour créer un cadre et fournir les moyens permettant de mettre en œuvre les objectifs ambitieux fixés, notamment en termes de décarbonisation.
Comment voyez-vous l'avenir du Luxembourg ?
Tout au long de son histoire, l'industrie a été un pilier important de l'économie luxembourgeoise, garant du bien-être et de la croissance. Aujourd'hui, les risques de désindustrialisation sont bien réels, tant au niveau national qu'européen. Pour contrer ce danger, l'Union européenne et les responsables politiques nationaux doivent mettre en place d'urgence une politique industrielle digne de ce nom, assurant la nécessaire transformation de l'industrie face à la crise climatique tout en préservant la compétitivité de nos entreprises. En tant que petite puissance économique ouverte, le Luxembourg doit rester attractif pour les entreprises qui investissent dans l'innovation ainsi que pour une main d'œuvre hautement qualifiée qui permet cette innovation. La disponibilité et le coût de l'énergie, les infrastructures, la disponibilité de terrains industriels, les contraintes réglementaires et l'octroi de permis, la mobilité, la disponibilité et le coût du logement, la flexibilité de l'organisation du travail, la maîtrise des compétences, etc. sont des leviers essentiels pour préserver cette attractivité et favoriser le renouvellement et la diversification de l'industrie.