Luc Rasschaert (WEALINS) : l’avènement de l’innovation d’entreprise dans l’assurance
L’assurance vie à Luxembourg a connu ces dernières années une croissance soutenue, notamment grâce à une forte capacité d’innovation de l’ensemble de l’écosystème. Voici une interview de Luc Rasschaert, CEO de WEALINS.
Comment le secteur de l’assurance innove-t-il ?
Dans notre industrie, tout l’écosystème doit innover si nous voulons progresser. Il suffit de se pencher sur les 30dernières années pour constater ce phénomène :au début des années 1990, la libre prestation de service (LPS, ndlr) a été rendue possible par les efforts conjugués des banques, des assureurs et des régulateurs. Par la suite, des innovations “Produits” ont vu le jour et à la fin des années 90 et dans les années 2000, l’innovation corporate a permis d’inventer des structurations permettant à nos activités d’atteindre une viabilité économique. Ces dernières années, les avancées technologiques considérables nous ont permis d’automatiser et de simplifier l’ensemble de notre chaîne de valeur. La finance a pris de l’avance avec ses Fintechs, mais nous avons rapidement comblé notre retard avec nos Insurtechs.
“Notre culture combine l’innovation et l’entrepreneuriat : les deux sont forcément liés.”
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Comment une firme comme WEALINS reste-t-elle compétitive ?
La clé de notre succès réside dans une culture d’innovation tangible afin d’offrir des solutions facilitant la vie de nos partenaires et des clients finaux. Cette approche soigne notre attractivité à double titre : elle fidélise notre clientèle et nos employés tout en attirant des utilisateurs et des collaborateurs séduit par notre approche. Nous avons la chance d’avoir intégré trois sociétés dans WEALINS. Chacune a contribué à l’émergence d’une culture forte et diverse. IWI et Foyer International ont uni leurs forces en 2017. Ils ont été rejoints par GB Life en 2020. L’association de trois acteurs reconnus a permis l’émergence d’une compagnie qui se démarque tant au niveau de la qualité de service apportée aux clients, que des solutions digitales et l’innovation couvrant l’Europe et au-delà ! Cette combinaison gagnante nous a permis de changer l’ensemble de notre système informatique tout en innovant afin de “reskiller” et “upskiller” nos équipes. Nous avons relevé ce défi en donnant de l’autonomie à chacun d’entre eux pour s’impliquer. Notre crédo ‘You Lead, We Empower’ s’applique d’ailleurs aussi à nos collaborateurs. Afin de renforcer notre culture d’entreprise, ces derniers ont été sollicités dès la phase d’identification des axes d’amélioration, puis pour suggérer les solutions souhaitées avec une approche bottom-up. Notre culture combine l’innovation et l’entrepreneuriat : les deux sont forcément liés.
Quels risques et opportunités identifiez-vous ?
Commençons par l’IA, dont tout le monde parle. J’espère que cela deviendra une opportunité, mais à mon sens, les machines auront besoin d’un dataset énorme pour produire des résultats utilisables dans l’assurance. Toujours du côté des opportunités, je pense que l’Europe devrait sortir grandie des crises actuelles en s’ouvrant, mais une chose est sûre : le monde accélère et les cycles et évolutions deviennent plus rapides. Du côté de la régulation, j’espère que l’action des régulateurs européens va rester en phase avec trois grands secteurs : l’économie verte, l’industrie et la finance. Les trois doivent avancer ensemble si nous voulons rester compétitifs avec les États-Unis et la Chine. Quand je vois le rapport Letta, je repense à 2014 et au Common Reporting Standard (CRS). Beaucoup ont eu peur alors qu’il a facilité 10 ans de forte croissance ! Un marché unique financier permettra d’éliminer de nombreux freins. Le principal risque que j’identifie concerne le capital humain. Nous avons besoin de talents multilingues et compétents pour perpétuer les partenariats noués sur le long terme avec nos clients, dans tous les pays où ils se trouvent. Le Luxembourg a déjà été un phénix : nous disposons de l’expérience et du courage pour nous réinventer une nouvelle fois. Je recommande d’ailleurs la lecture du livre de Peter Hinssen : “The Phoenix and the Unicorn”.