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Marco Zwick (CSSF) : L’évolution des risques durant la crise du Covid

Lors de la winter conference de l'ALRiM de debut d'année, Marco Zwick, Directeur de la Commission de Surveillance du Secteur Financier (CSSF), a annoncé que le modèle de risque luxembourgeois a protégé le secteur pendant la pandémie, en particulier contre les cyberattaques et les aléas de liquidité. Il appelle l'industrie à adopter des méthodes de travail adaptées et à assimiler les nouveaux risques. Interview 

 

A quels risques le secteur financier s’est-il trouvé principalement confronté durant la pandémie ?

 

Avec les turbulences des marchés au début de la crise, certaines entreprises se sont trouvées confrontées à des risques financiers accrus en raison de la suspension d'activités, de pertes subies ou de la réduction des bénéfices. Mais le Covid a montré que le défi le plus important réside dans le capital humain. Nos organisations doivent pouvoir compter sur un personnel en bonne santé, surtout lorsque des individus extérieurs tentent de tirer parti des faiblesses découlant de la crise. Le secteur de la gestion d'actifs n'a d’ailleurs pas connu une augmentation significative de cyberattaques réussies. Les fonds ont fait face à un autre danger, à l’heure où les discussions autour de la finance durable donnent lieu à un risque de "greenwashing " : la représentation faussée et la vente abusive de produits prétendument vertueux. Heureusement, les équipes des fonds ont mis en œuvre de bonnes stratégies de prise en charge des risques et de diversification atténuant l’impact de la pandémie.

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« Le risque posé par les problèmes de liquidité a occupé les fonds au cours des 12 derniers mois. »

Comment le secteur a-t-il abordé les dangers liés aux contraintes de liquidité ?

 

Les risques de liquidité ont fort occupé les fonds au cours des 12 derniers mois. Afin d’y faire face le Luxembourg a déployé plusieurs instruments de gestion de la liquidité. Ces mécanismes, en association avec le haut niveau de maturité du secteur, ont assuré la résilience de la place. Les asymétries de liquidité des fonds ouverts et des money market funds présentaient un risque de contamination de l'économie réelle. Mais nous avons constaté la conduite plutôt conservatrice de ces structures : à aucun moment les réserves de liquidités des fonds n'ont été dépassées. Nous avons eu l'occasion de tester nos stratégies de gestion de la liquidité. De nouveaux instruments ne semblent pas nécessaires. Cependant, nous souhaiterions davantage de coopération au niveau européen pour voir si d’autres juridictions peuvent collaborer avec nous dans le déploiement de ces outils.

 

Comment le rôle de supervision de la CSSF a-t-il évolué à la suite de la pandémie ?

 

En tant qu'autorité de contrôle, la CSSF a dû adopter des façons inédites de travailler. Nos agents ont commencé à opérer à distance pour assurer la continuité de la surveillance financière. Nous ne pouvions pas effectuer d'inspections sur place au sens classique du terme. Nous avons donc élaboré des questions-réponses pour traiter de problèmes tels que la gestion des liquidités et les violations actives des calculs de la valeur nette d'inventaire (VNI). Par prudence, nous avons probablement surestimé les risques liés à l'impossibilité de superviser en personne. Mais nous avons utilisé des outils de partage d'écran nous permettant d’évoluer de la même manière que si nous effectuions nos inspections dans votre bureau. Malgré ces contraintes, nous avons couvert quotidiennement plus de 90 % des actifs sous gestion tout au long de la pandémie.

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