Claude Marx :
CSSF, LE RISQUE EN MUTATION
CLAUDE MARX DÉTAILLE LES OBJECTIFS QU'IL S'EST FIXÉS DEPUIS SON ARRIVÉE À LA TÊTE DE LA CSSF. IL PASSE ÉGALEMENT EN REVUE LES DÉFIS, OPPORTUNITÉS ET DANGERS QUI SE PRÉSENTENT À LA CSSF. ENTRETIEN.
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Comment évolue la CSSF ?
Depuis la crise financière, nous sommes profondément intégrés dans un système européen. Nous devons penser "européen"! Un objectif important de la CSSF concerne la surveillance prudentielle des entités et des personnes sous notre responsabilité. La CSSF doit être capable de faire face à l’application de lois, règlements et directives européennes, mais aussi de normes techniques de plus en plus nombreuses. Ensuite, nous devons avoir un objectif d’organisation interne optimale, capable de rester en phase avec les exigences du premier objectif, que ce soit au niveau des ressources humaines, de l’administration générale, du budget ou de l’informatique. En ce sens, nous ne sommes pas très différents d’une entreprise dans le secteur privé !
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« Un dialogue constructif avec tous les acteurs de la place financière, notamment les associations professionnelles, le Ministère des finances, LFF, est vital »
Claude Marx
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Quels sont les défis actuels de la CSSF ?
Poursuivre notre mission de contrôle avec un très haut niveau de professionnalisme demeure notre défi majeur, tout comme l’intégration des nouvelles normes à appliquer, étant aussi nombreuses qu’importantes. Parallèlement, nous constatons une augmentation sensible du nombre d'acteurs à contrôler, comme les gestionnaires de fonds alternatifs : à l’avenir, certains fonds seront contrôlés au niveau du gestionnaire et non plus du produit. D’autre part, nous participons à la construction de l’union bancaire en Europe, une démarche positive dans la prévention des crises futures dont la mise en place demeure un challenge pour la CSSF car nous devons nous adapter. Mais le véritable défi à venir concerne la mutation du risque que nous aurons à gérer. Le très médiatique risque fiscal représente désormais une problématique du passé, car nous sommes aujourd’hui dans un système d’échange automatique d’informations, aussi bien au niveau de l’Union Européenne que de l’OCDE . Il faut à tout prix éviter de remplacer le risque fiscal par un risque de blanchiment. Les banques se tournent vers des clients plus fortunés dans des régions plus lointaines, ce qui en soi est une bonne chose. La moindre connaissance de ces nouveaux marchés et clients nous pousse cependant à redoubler de vigilance quant aux transactions ainsi qu’à l’origine des fonds.
Quels sont les opportunités et dangers auxquels pourrait faire face la CSSF ?
Je pense d’abord que la transparence fiscale offrira au Luxembourg de nouvelles opportunités pour se positionner en tant qu‘expert, laissant derrière lui une certaine réputation. En termes de dangers potentiels, je citerai la concentration des acteurs. En effet, le coût réglementaire combiné avec la pression sur les marges d’intérêts et de manière générale la rentabilité des banques risque d’entraîner un phénomène de concentration et de disparition de petits acteurs, ce qui n’a pas été le but de la nouvelle architecture réglementaire post-crise financière. En tant que régulateur, nous suivons cette évolution de très près. Par ailleurs, un dialogue constructif avec tous les acteurs de la place financière, notamment les associations professionnelles, le Ministère des finances, LFF, est vital. Nous pouvons également remplir notre mission en expliquant le cadre réglementaire au Luxembourg et en analysant l’adéquation de celui-ci par rapport aux nouvelles technologies et aux défis qu’elles nous lancent.