Daniel Grossmann (Kharis Capital) : Retenir les enseignements des investissements d’avant-garde
Inspirés par des années d'investissement pour familles riches, nous avons adopté un modèle commercial d'avant-garde, collaboratif, axé sur la création de partenariats humains reposant sur des valeurs familiales profondément ancrées, le partage des connaissances et le fait de prendre le temps de contribuer au développement d'une entreprise, explique Daniel Grossmann, associé directeur et cofondateur de Kharis Capital.
Comment s’est développé Kharis Capital ?
Mon partenaire, Manuel Roumain, et moi-même avons investi au nom de familles riches. Auparavant, j'ai travaillé pour une famille belge importante, au capital d’Anheuser-Busch InBev, la plus grande compagnie brassicole au monde. Dans une certaine mesure, ils font figure de pionniers dans l'investissement direct, de préférence aux fonds. Cette tendance rejoint aujourd’hui les aspirations de nombreux family offices ; une nouvelle ère s’ouvre dans le domaine du capital-investissement, le PE 2.0. Nous avons appris à compter avec les bienfaits du temps en investissant dans des entreprises. Nous avons conscience de l'intérêt d'adopter une vision à long terme et donc de devenir un partenaire stable pour la croissance et le développement des sociétés. Les familles et les investisseurs au long cours ne ressentent pas les limites habituelles du capital-investissement, comme les contraintes de temps, la diversification des risques et l'allocation des investissements. En observant ces dynamiques changeantes dans le paysage du capital-investissement, Manuel et moi avons décidé d'unir nos forces et nous avons lancé Kharis Capital en 2015.
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"Nous nous donnons le temps de nous montrer impatients pendant une période plus longue que les investisseurs traditionnels."
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Comment décririez-vous l'évolution de votre modèle d'entreprise ?
Nous voulions introduire un modèle innovant permettant aux familles d'investir sans détour dans des entreprises ayant le même disciple que les principales sociétés de capital-investissement, à une époque où le marché naissait : de plus en plus d'acteurs cherchaient à utiliser directement leur argent. Un nombre toujours plus grand de décideurs ou d'entreprises familiales se mettaient en quête d'un autre type de partenaires pour les accompagner dans le développement de leurs sociétés. Nous avons créé Kharis Capital pour stimuler la croissance : nous aidons les compagnies à évoluer sur le plan national et international, à se transformer dans le domaine du numérique et à exploiter et promouvoir leurs marques. Nous adoptons une approche entrepreneuriale et pragmatique lorsque nous nous engageons auprès d'elles ; nous participons activement et de manière créative à tous les aspects alimentant chaque petite histoire de capital, mais cela demande une vue à long terme. La construction réussie du déploiement d'une marque peut prendre des années. Nous avons donc consciemment choisi de nous donner le temps de nous montrer impatients pendant une période beaucoup plus longue que les investisseurs traditionnels.
Sur quel "secret" avez-vous bâti votre modèle ?
Outre notre passion et un appréciable capital "temps", nous attachons de l’importance à la composante humaine, essentielle quand on injecte des moyens dans une entreprise. Tout au long de la vie de l'investissement, nous devons coopérer avec un large éventail de personnes. Nous qualifions de "partenariat humain" cette collaboration avec les associés, les fondateurs, les co-investisseurs, les fournisseurs et les équipes. Cette interaction et cette participation humaines, nous les entretenons et nous les chérissons. A cela tient souvent le succès ou l’échec d’une entreprise. Nous avons acquis la conviction que la réussite vient du capital humain. Généralement, pour nous, le "qui" précède le "comment". Un autre "secret" de notre modèle consiste à aller en profondeur, et non en largeur. Nous mettons toutes nos ressources en commun derrière un nombre limité de transactions (ou de plateformes), afin de bénéficier des avantages d'un travail d'équipe intense, en concentrant tous les cerveaux, les effectifs et l'énergie vers un seul objectif. Pour donner un exemple précis : nous avons estimé que le marché européen de la restauration rapide se trouvait sous-développé par rapport à ceux des États-Unis et de l'Asie. Nous sommes donc passés de l'achat de la franchise principale italienne et polonaise pour Burger King, à l'acquisition d'autres marques fortes telles que Quick, O'Tacos et Nordsee, puis à la création d'une "plateforme de restauration rapide" (QSRP), comprenant environ 1 000 établissements du genre sur sept marchés européens. Cela a permis une diversification et une couverture naturelle pour nos investisseurs dans ce secteur très résistant, non seulement par rapport à l'investissement dans des actifs individuels, mais aussi en termes d'offres alimentaires, d'habitudes de consommation et d'exposition géographique. L'investissement technologique constitue l'autre pilier solide de Kharis Capital ; il se situe au cœur de nos efforts pour nourrir l'innovation, la créativité et changer fondamentalement la façon dont les entreprises classiques fonctionnent.