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Frank Krings (Deutsche Bank) : D’ici à l’éternité

Lors de la construction de son propre bureau à Luxembourg dans les années 80, Deutsche Bank sollicita Gottfried Böhm, gagnant du prix Pritzker et architecte de troisième génération – ses projets emblématiques incluent l’hôtel de ville de Bensberg et l’église de pèlerinage de Neviges en Allemagne. L’édifice du Kirchberg, qui accueille les activités de « corporate lending » à l’international, de gestion d’actifs et de patrimoine, jouit de sa propre aura de cathédrale. Une interview de Frank Krings, CEO de Deutsche Bank Luxembourg.

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Comment les activités de Deutsche Bank à Luxembourg s’intègrent-elles dans sa structure générale ?

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Le groupe comprend deux entités principales au Grand-Duché, incluant Deutsche Bank Luxembourg, l’une des cinq institutions financières systémiquement importantes du pays telles que définie par les standards de l’Autorité bancaire européenne, directement supervisée par la Banque centrale européenne. La banque repose sur deux piliers d’activités principales, le financement des entreprises et la gestion de patrimoine. Nous finançons des sociétés dans le monde entier, sur une base transfrontalière à moyen et long terme, en tant que prêteur attitré de prêts syndiqués et fournisseur d’importants prêts bilatéraux. Cette activité de banque de financement et d’investissement nécessite six milliards d’euros de capital, un des montants en capital les plus importants en rapport à d’autres institutions installées ici. De plus, le centre d’expertise du groupe Deutsche Bank pour les «â€¯loan agency services » se situe à Luxembourg et supervise la seconde équipe basée à Londres.

En même temps, notre société internationale de gestion de patrimoine fournit un haut niveau de services à des familles, à travers les frontières et les générations. Nous avons des ambitions stratégiques dans ce domaine afin de faire du Luxembourg le centre d’excellence du groupe dans la gestion de patrimoine au sein de l’Union Européenne et la plateforme internationale de prêt pour les clients en gestion de patrimoine. Une fois ce processus complété, les clients internationaux en gestion de patrimoine souhaitant réaliser des opérations bancaires dans les fuseaux horaires européens et sous ses cadres légaux, auront ainsi le choix entre une institution dans l’UE et la zone Euro, à Luxembourg, ou en dehors, en Suisse ou en Grande-Bretagne. Dans chacun de ces pays, les services de gestion de patrimoine seront offerts au travers de filiales de la société mère, directes ou indirectes, plutôt qu’aux succursales. 

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"Nous disposons d’un écosystème entier sous un seul toit "

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Quelle est la seconde entité principale opérant à Luxembourg ?

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La division de gestion d’actifs du groupe Deutsche Bank gère globalement 711 milliards de dollars, dont approximativement un quart est administré à Luxembourg par Deutsche Asset Management, notre société de gestion locale. La holding récemment créée de notre division de gestion d’actifs, incluant également la société Asset Management à Luxembourg, se prépare à une introduction en bourse partielle l’année prochaine, laissant au groupe Deutsche Bank une participation majoritaire.

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Quelles sont les priorités de la banque pour l’avenir ?

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Durant les dix-huit derniers mois, nous avons optimisé nos activités en termes d’orientation stratégique, de bilan et d’organisation. Nous avons récemment annoncé la cession de nos services aux fonds alternatifs et de notre activité de « corporate services ». Chacune de ces activités étant assez marginales, ces transactions simplifient notre modèle et nous permettent de nous concentrer sur notre cœur de métier. Nous avons également divisé notre bilan par deux en quinze mois, passant de 80 à 40 milliards, principalement en optimisant les activités interbancaires. Le cœur de nos activités étant désormais plus discipliné et compact, nous pouvons désormais investir efficacement, notamment dans l’IT. Notre système historique était très efficace mais arrivait à la fin de son cycle de vie : nous investissons donc 30 millions afin d’implémenter une plateforme de pointe dont bénéficieront nos clients. Le projet lancé trois mois après mon arrivée en mars 2016 respecte ses échéances malgré un calendrier exigeant. Nous réalisons également de forts investissements pour renforcer nos forces vives. Bien que la masse salariale soit demeurée quasi similaire, nous avons créé de nouvelles fonctions et de nouvelles équipes correspondant à 10% de notre effectif au travers d’une combinaison de reformation, de redéploiement et de recrutement.

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Quelles opportunités et challenges identifiez-vous pour le Luxembourg en général, et pour le secteur bancaire en particulier ?

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Il est important pour le pays et pour la banque de se concentrer sur leurs atouts, jouer de leurs forces et rester fidèle à leurs ADN respectifs. Deutsche Bank Luxembourg n’est pas une institution de trading, activité importante gérée depuis Francfort, Hong Kong, Londres ou New York. Luxembourg n’est pas une juridiction de trading non plus. La force du pays réside dans les sociétés et l’écosystème de talents bénéficiant d’une vision à long-terme. Ici, nous nous concentrons sur une perspective de financement de moyen à long-terme et sur une approche de gestion de patrimoine avec une vision multigénérationnelle. Du côté de la gestion d’actifs, les fonds ouverts pourraient en théorie exister pour l’éternité ! Partout où vous regardez, le Luxembourg affiche un profil stable, un rating triple A et un système politique fiable. Loin d’être un inconvénient, sa taille constitue un avantage dans le monde de demain où ce facteur importe moins que la vitesse et l’agilité. Ici nous disposons d’un écosystème entier sous un seul toit : le support IT, la trésorerie, le juridique et le service client. Vous pouvez comparer cela avec le point central de ce bâtiment – marqué par un repère sur le sol - depuis lequel tout ce qui se dit peut-être entendu jusqu’au toit !

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