Emmanuel-Frédéric Henrion (Investment Funds Partner, Clifford Chance) : un avenir florissant pour les fonds luxembourgeois
Selon Emmanuel-Frédéric Henrion, le Brexit à venir, le marché asiatique et le développement durable promettent un avenir florissant pour le secteur des fonds luxembourgeois en 2019.
Le Brexit : et maintenant ?
L'issue du Brexit demeure très incertaine, car les possibilités évoluent de jour en jour. À ce stade, nous pouvons également nous demander si les erreurs commises dans le processus depuis mars 2017 ne proviennent pas des deux parties. En effet, comme en témoigne Emmanuel-Frédéric Henrion, le Royaume-Uni et l’Europe semblent se focaliser sur la séparation, même si la période invite désormais à se concentrer sur un avenir commun. Il semble facile d'identifier les éléments rejetés par le Royaume-Uni ou l'Europe des 27 mais il paraît plus difficile de définir ceux pour lesquels chaque partie désire préserver un terrain d'entente. Pour le marché luxembourgeois, des opportunités et des risques existent, allant d'un impact négatif sur l'Union européenne et le Luxembourg d’une part, aux avantages d'un transfert partiel de l'industrie des fonds du Royaume-Uni au Grand-Duché de l’autre. Notre conseil : espérer le meilleur, mais se préparer au pire, un Hard Brexit. Clifford Chance suggère donc à ses clients de préparer les fonds, leur documentation, mais également leur personnel – notamment les visas et permis de travail – à cet éventuel scénario.
« Un écosystème semble émerger vers une finance durable »
Un écosystème financier durable : et ensuite ?
Ces dernières années, le développement durable est devenu l'une des principales préoccupations des entreprises, stimulé par des initiatives internationales comme l'Accord de Paris sur le climat. L’industrie des fonds peine à créer des passerelles entre économie et écologie, bien que la tendance évolue, allant d’une accumulation de contraintes vers une intégration des principes du développement durable au sein des entreprises. En d'autres termes, accroitre la visibilité de la performance en matière de développement durable tout en préservant la performance de l’equity devient l'objectif principal. Des initiatives, telle la Fondation Solar Impulse de Bertrand Piccard (solarimpulse.com), proposent aux promoteurs de fonds et aux gouvernements une maniere de concilier performance du capital et développement durable, permetant ainsi aux investisseurs de respecter leurs objectifs économiques et écologiques. Une validation fiable de la performance en matière de développement durable demeurera également essentielle afin de faire des activités économiques durables une classe d'actifs à part entière. À cet égard, la récente proposition de règlement de l'UE visant à établir une « taxonomie » de l'investissement durable dispose du potentiel nécessaire pour devenir une pierre angulaire de la législation en établissant un système européen unifié de classification des activités économiques durables. Sauver la planète tout en générant du rendement permettra de rendre les activités économiques durables. Un long chemin reste à parcourir, mais un écosystème semble émerger vers une finance durable.
Chine : ouvrir davantage les barrières ?
L'accord de coopération récemment annoncé entre la CSSF au Luxembourg et la SFC à Hong Kong facilitera la reconnaissance mutuelle des fonds mais également la vente de fonds luxembourgeois à Hong Kong et vice versa. Il s’agit d’un accord intéressant, compte tenu des relations à long terme établies entre le Luxembourg et Hong Kong au cours des dernières décennies. En effet, il convient de relativiser cet accord dans le sens où il constitue une nouvelle étape vers davantage d’interactions entre les marchés luxembourgeois et les autres marchés de l'UE, d'une part, et les marchés hongkongais et chinois, de l’autre. Pour en revenir aux avantages immédiats de l'accord de coopération, les attentes doivent toutefois prendre en compte son impact. Ce dernier impose des conditions d'éligibilité pour la reconnaissance des fonds UCITS luxembourgeois par la SFC, notamment une limitation de l'effet de levier découlant des produits dérivés à 100 % de la valeur nette d'inventaire du fonds, calculée selon l'approche par engagement et l'exclusion des classes d'actions faisant l'objet de couvertures autres que de change.