Gilles Moro (EMPcorp) : une Fintech luxembourgeoise des plus ambitieuses
Les Fintechs ont le vent en poupe au Luxembourg, mais dans le domaine de l’e-payment, les Flashiz, Yapital, Ipay et Digicash ont dû cesser leur activité ou se faire racheter. EMPcorp affiche quant à elle des performances spectaculaires – 15 millions de chiffre d’affaires, 260 millions de volume - et vise l’IPO en dans les deux prochaines années. Une interview de son PDG, Gilles Moro.
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Pouvez-vous présenter EMPcorp en quelques mots ?
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La création d’EMPcorp remonte à 2013. Il s’agit d’une Fintech orientée paiements en ligne et électroniques organisée autour de deux produits principaux : l’e-wallet ‘Epro’ - un porte-monnaie électronique- et ‘CBlib’, une carte bancaire prépayée rechargeable associés à un IBAN nominatif. J’ai créé la société avec 2 amis d’enfance. Ensemble, nous cumulons des décennies d’expérience dans le monde du paiement. Notre vision anticipe la disparition du cash, puis celles des cartes plastiques et enfin des TPE. (Terminaux de paiement électroniques, ndlr) Pourquoi ? Le cash présente par exemple des problèmes de traçabilité difficiles à concilier avec la lutte anti-blanchiment.
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“EMPcorp souhaite devenir l’une des premières Fintech Luxembourg à realiser
un IPO”
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Votre concurrent principal est-il Paypal ?
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Certes mais, Paypal convient parfaitement aux gros sites e-commerce. Nous ciblons les sites d’e-commerce et de jeux en ligne de petites et moyennes tailles mais pas de sites adultes - qui réalisent moins de 5 millions par mois de chiffre et recherchent un partenaire capable de leur fournir une solution sur-mesure et sécurisée. Nos clients peuvent par exemple calibrer le nombre de transactions par jour ou définir leurs propres critères de vélocité : ces derniers se révèlent décisifs pour détecter les fraudes beaucoup plus vite. Par rapport à d’autres Fintechs concurrentes, je pense que mon expérience de 15 ans chez Orange puis chez TicketSurf International, une société que j’ai vendue en 2013 - me permettent de garder une longueur d’avance. J’ai appris à apprivoiser ce marché, hautement concurrentiel et en perpétuel mouvement. Il faut sans cesse faire preuve d’imagination. Nous développons donc des produits qui répondent à des besoins impérieux et nous savons comment rapidement toucher nos clients. Pour notre premier exercice en 2014, nous avions déjà 125 millions de volumes de transactions et 5,5 millions de chiffre d’affaires.
Quelles sont à vos yeux les perspectives pour EMPcorp et le Luxembourg ?
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Nous sommes ancrés au Luxembourg avec 27 collaborateurs et déployons des business developers un peu partout en Europe pour rayonner à l’international. Nous visons dans l’immédiat 500 millions de volumes, soit un cap essentiel dans le monde du paiement. En général, le milliard suit peu de temps après ! Dans cette perspective, nous préparons l’un des premiers IPO d’une Fintech luxembourgeoise pour 2018-2019. Au niveau des produits, nous allons demeurer concentrés autour de nos 2 pôles et lancer des produits dérivés comme ‘Tepee’ qui permet à des marchands mobiles comme les taxis, médecins ou professions indépendantes de disposer d’un TPE sur leur téléphone portable, grâce à une simple app ! Au moment de notre installation en 2014 au Luxembourg, nous avons été très bien accueillis par le LuxfutureLab, Luxinnovation et la CSSF. Objectif 2018 : obtenir notre licence de monnaie électronique. Certains pays comme la France rattrapent leur retard dans le domaine du Fintech. Le Luxembourg doit conserver son leadership en offrant un service adapté et innovant aux Fintechs en forte croissance.