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L'Islande : le pays de la résilience

Assise sur une crête entre les plaques tectoniques américaine et européenne donnant naissance à 30 systèmes volcaniques actifs, l'Islande présente un caractère très particulier. Avec une population minuscule de 340 000 habitants, le pays reste le seul à avoir envoyé des banquiers en prison après la crise financière de 2008. Elle possède une équipe de football de classe mondiale et le tourisme se trouve en plein essor.

 

Sagas

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Les sagas islandaises racontent des histoires héroïques et des chroniques familiales ayant eu lieu à l'époque viking, lorsque, au IXe siècle, l'île a été colonisée par des migrants nordiques et celtes. Les sagas comprennent des histoires de Vikings ayant créé en 930 le plus ancien parlement du monde, le Althing, dans le magnifique parc national de Thingvellir ; des histoires d'Erik le Rouge, ayant établi la première colonie européenne au Groenland après son expulsion d'Islande et des histoires de son fils, Leif Erikson, arrivé en Amérique presque 500 ans avant 1492. Les gens du coin vous rappellent que Christophe Colomb s'était rendu en Islande quelques années avant de traverser l'Atlantique, ceci laissant de nombreux Islandais penser qu'il avait déjà entendu parler de l'Amérique bien avant qu'il ne la "découvre". Une chose reste sûre, survivre plus de 1000 ans sur le 66e parallèle avec des températures basses, des vents forts, des pluies régulières et des volcans actifs résulte en un caractère fort et d’une grande résistance. En 1402, la peste a tué la moitié de la population, et de nouveau en 1494. Dans les années 1700, la maladie et la famine sont revenues avant que l'éruption volcanique de 1783 ne tue 30% de la population islandaise. Le pays était sous influence norvégienne puis danoise avant de revendiquer son indépendance en 1881. Et le voilà, en 2019, dix ans après une crise financière de grande ampleur, toujours aussi résilient.

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« Parmi les 400.000 touristes en 2009, l'Islande accueille désormais plus de 3,6 millions

d'entre eux. »

 

Vivre à Reykjavik

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Deux choses vraiment abordables en Islande : l'eau - chaude ou froide - et l'électricité, produite en grande quantité par l’île grâce à des moyens géothermiques et hydroélectriques. A part cela, attendez-vous à des prix similaires ou supérieurs à ceux du Luxembourg, car presque tout doit être importé, même le bois. Une canette de bière coûte jusqu'à 15 euros par exemple, mais ne vous inquiétez pas, l'eau reste gratuite dans tous les restaurants ! Nous ne voyons presque pas d'arbres, l'une des raisons de la beauté du paysage. Quand nous en remarquons, ils sont cachés derrière des collines ou ressemblent à une version minuscule d'arbres normaux. Sur le plan politique, les Islandais se montrent très progressistes. Ils ont été les premiers au monde à élire une femme présidente en 1980, Vigdís Finnbogadóttir, et Jóhanna Sigurðardóttir a été le premier Premier ministre gay en 2009. Au lendemain de la crise de 2008, ils ont même élu Jón Gnarr maire de Reykjavik, un comédien ayant fondé en plaisantant le "Best Party" et promis "des serviettes de bain gratuites dans les piscines" et "un ours blanc dans le zoo de Reykjavik". En parlant de fêtes, Reykjavik constitue un endroit idéal pour les longues nuits. La ville a un grand choix de bars et de restaurants attrayants, mais ils semblent très vides car les habitants trouvent cela moins cher de boire à la maison jusqu'après minuit quand des hordes de jeunes, et de nombreux videurs, apparaissent le long de Laugavegur Street. Les supermodèles semblent être du type "standard" ici, l'atmosphère reste électrique et la consommation d'alcool, sérieuse. Qu'attendez-vous d'autre des Vikings ?

 

Le Cercle d'Or

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La chance joue un rôle important lors d'une visite en Islande. Voir les aurores boréales à elles seules vaut le déplacement, mais elles n'apparaissent qu'en hiver ! Ces vagues vertes et envoûtantes apparaissent seulement lorsque le ciel se dégage - chose loin d'être courante - et lors de forte activité solaire. Vous pouvez vérifier les conditions sur https://en.vedur.is/weather/forecasts/aurora/. Il n'est pas nécessaire de participer à une visite guidée : il suffit de prendre un taxi jusqu'au phare de Reykjavik ou de louer une voiture et de se rendre au parc national de Þingvellir, à 40 kilomètres de là. Quand il s'agit de visiter l'île, engager un guide se trouve être une bonne idée. Ils peuvent vous emmener vers les glaciers et autres endroits reculés en toute sécurité. Si vous préférez voyager seul, le Cercle d'Or constitue un tour parfait à faire en une journée. Commencez tôt et profitez du lever du soleil depuis votre voiture. Dirigez-vous vers le parc national de Þingvellir, où vous pourrez découvrir le premier parlement du monde, marcher entre les plaques tectoniques américaine et européenne et profiter d'une vue imprenable sur le lac. Une heure plus tard, vous atteignez Geysir, où l'eau explose toutes les sept minutes environ, et Gulfoss - la rivière dorée - l'équivalent islandais des chutes du Niagara. Certains retournent directement à Reykjavik, mais vous pouvez faire un tour complet en direction du sud vers Selfoss, où vous pourrez visiter le petit cratère de Kerid et rendre hommage à Bobby Fisher, ce génie des échecs ayant gaspillé la majeure partie de son talent et ayant ironiquement fini dans le pays où rien ne se perd.

 

Une économie solide

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Selon Pétur Haraldsson, PDG de Fidesta, la raison de l'effondrement du système financier islandais en 2008 était la combinaison d'un manque d'expérience des banquiers islandais se développant très rapidement à l'international et d'une tendance naturelle des locaux à aller à toute vitesse pour identifier toute opportunité. Pensez à un chasseur à la poursuite d'une proie après des mois de temps impossible. Mais Haraldsson croit aussi que les conséquences de l'accident ont été une excellente occasion pour les gens de revenir à l'essentiel : bonheur et famille plutôt qu'hyper-consommation, égoïsme et voitures de luxe. La couronne islandaise a perdu 150% de sa valeur par rapport au dollar en une semaine. Le pays a recommencé à exporter du poisson et, une fois de plus, il a réussi à traverser la tempête, aidé, étonnamment cette fois, par le volcan Eyjafjallajokull, un petit volcan à peine remarquable quand nous le croisons. Son éruption en 2010 a paralysé l'Europe mais a mis l'Islande sur la carte. Pour David Gudmundsson, un guide, Facebook prenait de l'ampleur au même moment, attirant des milliers de touristes du monde entier en Islande pour voir les aurores boréales. Et lorsque l'Instagram est apparu quelques années plus tard, le pays a reçu toute la publicité dont il avait besoin, le plus souvent gratuitement. De 400 000 touristes en 2009, l'Islande en accueille aujourd'hui plus de 3,6 millions et le chômage atteint les 2,7%. Après 2008, ils peuvent se demander : "Une crise, quelle crise ?"

 

Football

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Comment un pays moins peuplé que le Luxembourg peut-il participer à la Coupe du Monde et battre l'Angleterre en Coupe d'Europe ? Pour résoudre cette énigme, j'ai rencontré Hàkon Sverrisson, l'entraîneur-chef du centre de formation Breidablik, le meilleur du pays. Sous un grand toit, des centaines d'enfants de tous âges s'y entraînent sur du gazon synthétique mou. Un gardien de but de 12 ans était au bord des larmes à la suite des 20 tires successifs réalisés par ses amis dans la lucarne de sa cage de 20 mètres. Le bâtiment a été financé par la ville et le coût par parent représente seulement quelques centaines d’euros par an. Les étudiants viennent presque tous les jours et bénéficient d'un entraînement de classe mondiale : chaque club en Islande doit avoir deux entraîneurs de niveau A/B de l'UEFA ou payer une amende, et cela se reflète dans la qualité de l'entraînement. Toutes les sessions sont très structurées, les joueurs très respectueux de leur entraîneur et ils utilisent une application où ils doivent répondre à des questions sur leur performance, leur force, leurs faiblesses, etc. après chaque match. Pendant les 60 minutes où j'y étais, j'ai rencontré deux parents ex-footballeurs professionnels ayant joué en Allemagne et en Angleterre. Le gardien de but national est également passé pour une séance d'entraînement occasionnelle. Un ami m'accompagnant l’a bien résumé quand nous sommes partis : "C'est une usine incroyable de confiance en soi".

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