Jean-Nöel Lequeue (jnl):
Les compliance officers en 2017
Jean-Nöel Lequeue, le PDG of jnl, poursuit son analyse annuelle de l'évolution du métier des compliance officers.
Quelle est votre analyse du marché de la compliance en 2017 ?
Notre marché fonctionne selon les règles traditionnelles de l’offre et de la demande : la réglementation correspond à la demande et elle ne fait qu’augmenter ! Je constate trois évolutions principales :
1. Les réglementations européennes émanant
de la commission et du parlement sont à l’origine des nouvelles obligations locales de deux types : les directives d’une part, que les Etats doivent transposer et les règlements d’autre part, qui s’appliquent d’office et qui impliquent parfois de modifier la loi d’un pays. Ces règlements sont utilisés de plus en plus souvent afin d’harmoniser les règles en Europe, mais ils réduisent l’autonomie nationale.
2. Les autorités nationales cèdent une partie de leur autorité à l’EBA et à l’ESMA qui émettent des obligations supplémentaires et participent aux contrôles. Les établissements systémiques par exemple, sont contrôlés directement par les autorités européennes, or ces dernières ne connaissant pas bien
le terrain local, elles formulent des demandes exhaustives et lourdes.
3. Le Luxembourg veut être perçu parmi les
« premiers de la classe », tant au niveau de la vitesse de transposition qu’au niveau de la précision réglementaire. Cela rompt avec le passé et il n’est pas rare que le Grand-Duché aille au-delà des demandes ! Ces trois points reflètent la pression réglementaire très forte qui pèse aujourd’hui sur les compliance officers dans tous les domaines. La quantité et la diversité des réglementations nécessitent soit une quasi omniscience, soit la mise en place d’équipes spécialisées. Parallèlement, le nombre de membres de ALCO croît avec aujourd’hui plus de 800 membres.
« L'outsourcing de la fonction compliance permet de fournir une forme d'omniscience, très vite et à un coût raisonnable. »
Quelles opportunités et menaces se présentent pour le Luxembourg ?
Le Brexit semble représenter une opportunité car le Luxembourg sert souvent de point d’entrée dans l’Union Européenne pour des groupes financiers internationaux. L’attractivité historique de Londres a longtemps été supérieure, mais si le Luxembourg parvient à élargir ses compétences, il pourra bénéficier de cette évolution. Il n’est pas rare de voir un fonds basé au Luxembourg avec un promoteur en France et un manager à Londres ! Même en Asie, la marque
« Luxembourg UCITS » bénéficie d’une renommée importante. Ceci implique un besoin de compétence très large pour le compliance officer, tant au niveau des langues que de la compétence spécifique de chaque
marché. Je pense qu’un gros besoin de formation existe ici, notamment pour les jeunes experts qui sont devenus compliance officers ou qui ont rejoint récemment la CSSF. À part cela, le projet de réduction de l’opposabilité du secret bancaire risque d’avoir un fort impact sur notre profession, et au niveau des nouvelles technologies, j’observe une grande effervescence, mais pour l’instant, peu d’innovations arrivent à maturité.
Comment jnl s'adapte à ce contexte ?
Nous avons le luxe de pouvoir choisir les missions intellectuellement les plus intéressantes, ce qui nous permet d’apporter une expertise à très forte valeur ajoutée. En plus de mes mandats d’expert dans des comités d’audit de banques, notre société assure des mandats d’administrateurs, des missions spécifiques
- notamment dans le domaine de l’évaluation de la fonction compliance - et du coaching. Nous rencontrons des compliance officers à rythme régulier pour les aider à résoudre les problèmes rencontrés. À mon sens, ce modèle est parfaitement en phase avec les attentes de nos clients. Plutôt qu’un simple prestataire, ils cherchent un partenaire très expérimenté capable de les accompagner sur le long terme, tant au quotidien que pour les événements exceptionnels que constituent par exemple une acquisition. Je suis très optimiste ! Il faut faciliter l’outsourcing de la fonction compliance ! C’est la seule manière qui permette de fournir une forme d’omniscience, très vite et à un coût raisonnable.