Robert van Kerkhoff, Niccolo Polli, Eduardo Gramuglia (L3A) : L'alternative devient-elle la règle ?
Au cours de la conférence virtuelle d'été de L3A, Robert van Kerkhoff, directeur général de BNP Paribas Securities Services Luxembourg, Niccolo Polli, directeur général de HSBC Luxembourg, et Eduardo Gramuglia, directeur national de la succursale luxembourgeoise de State Street Bank International, ont discuté des tendances sous-jacentes du développement des technologies financières, de la conservation des talents et de l'influence croissante de l'environnement, de la responsabilité sociale et de la gouvernance d'entreprise (ESG). Voici un résumé de leur discussion animée par Serge Krancenblum, président de L3A.
Quelles perspectives s’offrent-elles aux investissements alternatifs ?
Considérant le ratio actuel d'environ 17% des investissements dans les catégories alternatives, Robert van Kerkhoff pense que leur proportion montera à 25% dans quelques années. Niccolo Polli estime qu'avec plus d'alternatives que les lancements traditionnels, le taux d'HSBC passera d'un quart à 30 ou 35 % d'ici à trois ans, tandis qu'Eduardo Gramuglia a déclaré qu'avec un rapport de quelque 10 ou 15 %, la part des alternatives augmente. La crise du Covid-19 n’a pas découragé les clients: l'avancement de nombreux projets alternatifs n’a subi ni coup d’arrêt, ni ralentissement. Alors que les fonds continuent d'affluer vers les investissements traditionnels, la fabrication de nouveaux produits dépasse déjà la création d'OPCVM. Les offres alternatives se généralisent car les investisseurs traditionnels réclament des nouveautés. "Les produits revêtent progressivement une forme hybride, prenant des caractéristiques des deux mondes. Cependant, si les fonds évoluent au fur et à mesure que de nouvelles idées émergent, ils seront différents de l'approche précédente. C'est pourquoi on les appelle des investissements "alternatifs"", a expliqué Robert van Kerkhoff.
“Les produits revêtent progressivement une forme hybride, prenant des caractéristiques des deux mondes. Cependant, si les fonds évoluent au fur et à mesure que de nouvelles idées émergent, ils seront différents de l'approche précédente. C'est pourquoi on les appelle des investissements "alternatifs".”
Quelles actions permettront-elles de maintenir les marges ?
Si la marge des investissements alternatifs dépasse celle des entreprises classiques, elle se rétrécit avec la disponibilité croissante d'alternatives. Pour préserver les marges, les fournisseurs doivent se montrer plus efficaces et offrir des services supplémentaires et une technologie améliorée. Par exemple, HSBC se trouve dans plusieurs juridictions. Il faut donc s'assurer que lorsque les clients se connectent à ses systèmes, ils retrouvent une plate-forme technologique unique assurant une expérience homogène. Cela a entraîné un changement dans la stratégie de HSBC. Ses responsables pensaient qu'aucune technologie sur le marché ne pouvait répondre à leurs attentes, alors ils ont construit la leur. Conscients que cela nécessite beaucoup d'investissements, ils s’appuient désormais sur des plates-formes et des programmes déjà utilisés par leurs clients et y appliquent des API pour rendre la connectivité aussi transparente que possible. La technologie continuera de jouer un rôle majeur et devra rester à la pointe de toute expansion ou ambition de croissance. Des partenariats de travail plus étroits avec les sociétés de technologie financière devront se mettre en place, compte tenu de l'évolution des choses. L’avantage pour les petits fournisseurs de technologie financière réside dans leur plus grande agilité et leur rapidité de réaction face aux changements. Mais l'envergure et la portée mondiale des mandats et de la distribution recherchées par les clients ne peuvent venir que de plus grands acteurs.
Quelles tendances voyez-vous modifier votre marché ?
L'investissement a intégré les principes du "risque et de la rentabilité". Mais aujourd'hui, le concept doit devenir "récompense et impact" car les questions relatives à l'environnement, au social et à la gouvernance d'entreprise se trouvent mises en avant par les acteurs. L'arrivée des ESG dans l'espace alternatif exigera des données plus nombreuses, standardisées et cohérentes. Pour prouver que votre produit est conforme aux principes ESG, vous devrez fournir tout un ensemble d'informations, non seulement à l'investisseur mais aussi aux régulateurs, pour continuer à justifier le label ESG. Des activités telles que les fintech et les sociétés d'investissement spécialisées font déjà l’objet d’externalisation. Le Covid a renforcé le travail à distance, créant des défis pour attirer et retenir les talents. Si les salariés peuvent travailler depuis leur domicile, pourquoi ne pas le faire n'importe où dans le monde, pourquoi ne pas utiliser les compétences depuis les régions situées au-delà des frontières ? Cela peut se révéler particulièrement intéressant si des vagues du virus touchent différents territoires du monde à un moment donné. Toutefois, cela soulève des questions non seulement en matière de sécurité, de réglementation et d'autorisation, mais aussi au sujet de la santé mentale et du bien-être des personnes en télétravail.