Isabelle Azoulai Amiel (La Maison) : Un accès à la résilience
Selon Isabelle Azoulai Amiel, associée directrice de La Maison Compagnie d'Investissement, notre dépendance quotidienne à la technologie pendant la pandémie de Covid-19 a démontré la résilience du secteur. Elle explique comment le modèle, la méthode et les réseaux de La Maison contribuent à garantir un accès mondial aux participations les plus recherchées de ce secteur.
Pouvez-vous décrire La Maison en quelques mots ?
L'idée derrière La Maison ne consistait pas à créer un véhicule d'investissement - mais plutôt un club d'investissement, fondé par Michel Cicurel. Nous avons réuni 15 familles pour partager des deals auxquelles elles n'auraient normalement pas pu accéder. Dès le début, nous leur avons signalé que nous ne voulions pas seulement leur capital, mais aussi leur présence et leur valeur personnelles. Notre premier véhicule après la holding Evergreen consistait en un fonds technologique investissant en Israël. Nos membres aidaient les entreprises à accéder aux marchés européens. Depuis, nous avons créé un fonds d'opportunité de croissance dans la Silicon Valley et une structure identique en Chine.
“Pour la première fois, le secteur des technologies est devenu vraiment résistant, un domaine très sûr pour les investissements. Cela contraste avec la mentalité passée : “la technologie reste une bulle, toujours surévaluée", pensait-on volontiers ”
Comment les institutions peuvent-elles investir avec La Maison ?
Les membres fondateurs ne voulaient pas laisser entrer tout le monde, au risque de diluer les valeurs du club. Nous avons donc ouvert la porte à de jeunes lignées familiales avec un minimum de 5 millions d'euros, en tant qu'associés. Ces membres n’ont pas investi directement, mais par le biais de sociétés en commandite des nouveaux fonds. Nous avons coopté des familles désirant vraiment apporter une plus-value et créer quelque chose autour de l'éthique du club. Maintenant, pour la première fois, le fonds fintech sera accessible aux institutions, mais pas aux familles. Le ticket se monte à 10 millions d'euros. Trois grandes institutions ont d’ores et déjà décidé de rejoindre ce jeune club. L'avenir reste très ouvert. Nous pourrions mettre sur pied un autre fonds de la Silicon Valley l'année prochaine et nous discutons avec les familles d'une nouvelle structure israélienne dans les deux prochaines années.
Comment décririez-vous les forces et les faiblesses des start-up aux États-Unis, en Europe, en Asie et en Israël ?
Israël propose un environnement technologique unique : il n’existe pas de marché national. Les entreprises technologiques adoptent dès la naissance une structure et une organisation orientées vers l’international. Cela contraste avec la Silicon Valley, où des fonds de capital-risque à forte croissance encadrent les jeunes pousses. Mais comme en Israël, les investissements restent très difficiles d'accès. Vous devez vous battre pour les meilleurs placements, aptes à apporter quelque chose de plus que du capital. L'accès en Chine se révèle encore pire. S'associer et donner sa confiance aux autres s’imposent comme des conditions essentielles pour s’engager sur le marché des technologies. Nous avons décidé de ne pas investir dans des sociétés internationales, mais seulement dans des entreprises concentrées sur l'énorme marché local de la Chine. Au cours des cinq dernières années, la France n'a pas offert l'environnement nécessaire pour aider les technologiques à devenir des "licornes". On trouve facilement du financement de démarrage… et puis plus rien pour accompagner la croissance. Si les Chinois et les Américains ne rachetaient pas les bonnes entreprises, elles garderaient une taille moyenne ou mourraient. Mais la situation change. Le gouvernement français a lancé une initiative pour encourager l'industrie du capital-risque à se développer.
Comment analysez-vous le contexte économique actuel ?
Pendant la période la plus difficile de la crise du Covid-19, la technologie nous a permis de survivre, de communiquer et d'acheter de la nourriture. Elle a créé un véritable effet d’aubaine pour le secteur. Comme je le disais à mon comité d'investissement : "Pour la première fois, le domaine des technologies est devenu vraiment résistant, une industrie très sûre pour les investissements. Cela contraste avec la mentalité passée : “la technologie reste une bulle, toujours surévaluée", pensait-on volontiers. Aujourd'hui, en regardant les résultats des entreprises technologiques, on constate qu’elles n'ont cessé de croître. Beaucoup de licornes ont atteint le capital nécessaire pour devenir rentables, contre toute attente. L'industrie des technologies de la santé ou de l'alimentation offre des perspectives énormes. La période Covid a changé les perceptions ; cette évolution aidera le secteur technologique à se montrer performant.