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Marc Lauer (ACA) : solidarité face à la crise

ÉLU À LA PRÉSIDENCE DE L’ACA EN MARS 2020, MARC LAUER DÉTAILLE LES OBJECTIFS DE SON NOUVEAU MANDAT ET REVIENT SUR LES DEFIS ET AUBAINES A PREVOIR DANS LES SECTEURS DE L’ASSURANCE ET DE LA RÉASSURANCE. INTERVIEW.

Quels objectifs vous êtes-vous fixés pour votre nouveau mandat ?

Lorsque j’ai commencé à planifier mon mandat qui devait commencer en mars 2020, le monde était encore tout autre. Depuis lors, beaucoup de choses ont changé.  Notre monde est devenu différent depuis l’apparition du Covid-19. Nous sommes en train de glisser dans la pire des récessions depuis la 2e guerre mondiale et, pour l’instant, le virus, bien que sous contrôle dans sa propagation, n’est pas encore vaincu. Comme dans tous les autres secteurs d’activité, le secteur de l’assurance et de la réassurance, que l’ACA représente, se trouve face à beaucoup d’incertitudes : Comment nos clients vont-ils consommer nos produits ? Comment allons-nous nous organiser en matière de télétravail ? Comment l’économie et, en parallèle, la bourse vont-elles évoluer ? Etc. Mon rôle, dans ce monde d’incertitudes, sera d’organiser les discussions au sein de l’ACA et de trouver des consensus afin de répondre à ces défis. Ensuite, avec Marc Hengen, le CEO de l’ACA, je serai le porte-parole de ces idées auprès de nos gouvernants et décideurs.

« Le marché de l’assurance luxembourgeois se distingue par le fait qu’il est largement tourné vers l’international. »

Quelle est la part du secteur de l’assurance dans l’économie luxembourgeoise?

L’assurance est l’un des piliers historiques de la Place financière luxembourgeoise, avec les banques et les fonds. Le secteur de l’assurance, avec 98 entreprises établies au Luxembourg, emploie plus de 4 000 salariés, ce qui représente, avec leurs familles, à peu près 12 000 personnes. Il est intéressant de noter que le nombre de salariés actifs dans le secteur a plus que doublé en 10 ans. Sur la même période, les actifs sous gestion ont quant à eux triplé, passant de 74 à 203 milliards d’euros. Cette évolution a renforcé la solvabilité des sociétés d'assurance. L’assurance locale représente 5% du PIB du pays en 2019. Enfin, par l'importance des placements nouveaux effectués chaque année, le secteur de l'assurance apporte une contribution décisive au financement de l'économie luxembourgeoise.

Cependant, la part du secteur de l’assurance dans l’économie luxembourgeoise va au-delà des données chiffrées. Par exemple, sur un seul événement climatique, la tornade d’août 2019, les assureurs ont payé presque 65 milliards d’euros pour plus de 4 000 immeubles et voitures endommagés. Le secteur de l’assurance et de la réassurance a par ailleurs souscrit massivement aux obligations d’État pour contribuer solidairement au soutien de l’économie dans l’actuelle crise sanitaire. Ce rôle d’investisseur à long terme dans l’économie du pays revêt une importance particulière dans le contexte actuel. Enfin, sur un aspect autant économique que social, les assurances privées complètent le rôle de l’État dans le cadre de la protection sociale en matière de santé (complémentaire santé) et de retraite (contrat retraite). 

Quels challenges et opportunités identifiez-vous pour le secteur de l’assurance dans les cinq prochaines années ?

Le marché de l’assurance luxembourgeois se distingue par le fait qu’il est largement tourné vers l’international. En effet, 95% des primes sont souscrites hors de nos frontières. Or, depuis quelques années, nous avons l’impression que certains pays ont tendance à se refermer sur eux-mêmes, comme si l’adage « mon pays d’abord » était la parade à tous les maux auxquels il faut actuellement faire face. La fermeture des frontières que nous avons observée et les stratégies purement nationales dans cette lutte contre le Covid-19 ne sont qu’une expression de plus de cette tendance. Pour l’ACA, de même que pour chacun de ses membres, la priorité absolue pour les années à venir sera de démontrer la plus-value économique et sociétale d’un marché européen de l’assurance ouvert, et de défendre bec et ongles les acquis de ce marché unique. À côté de ce défi politique, les assureurs devront affronter les mêmes défis que beaucoup d’autres secteurs économiques, à savoir la digitalisation et ses effets sur les habitudes de consommation de nos clients et sur nos façons de travailler. Finalement, pour nos entreprises d’assurance Vie, deux challenges qui les préoccupent déjà depuis quelques années vont inévitablement se poursuivre : une population vieillissante et les taux d’intérêts bas, voire négatifs.

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