Pierre Weimerskirch (LIS):
Luxembourg and Dublin
Pour Pierre Weimerskirch, ouvrir un bureau en Irlande constitue un acte logique pour LIS, leader des ManCo AIFM en PE-RE-DEPT à Luxembourg.
Quelles sont les principales tendances de l'industrie ?
Nous sommes très positifs sur le moyen terme. De nombreuses sociétés frappent à la porte du Luxembourg, qu’elles soient anglaises, allemandes ou américaines. Des fonds de dettes américains viennent également, et malgré l’obstacle que représente la taxe ECI – effectively connected income, ndlr – pour les investisseurs européens, le Luxembourg devient un grand centre de private equity et de dette. Trump et ses réformes créent une bonne dynamique autour du secteur du private equity avec la réduction prévue de l’impôt des sociétés à 15%, la dérégulation et les mesures permettant le rapatriement des capitaux dans le pays. Tout ceci favorise un boost de l’économie américaine qui va faire augmenter la valorisation des assets. J’ai récemment assisté à la présentation d’un spécialiste qui estimait que 55% des opportunités actuelles en private equity se situaient aux US, devant l’Asie, puis l’Europe, l’Amérique du Sud et enfin l’Afrique.
Pourquoi avez-vous récemment ouvert un bureau en Irlande ?
Avec le Brexit, les anglosaxons se posaient
la question du choix entre le Luxembourg
ou l’Irlande. Nous avons reçu les premiers appels dès le 24 juin de la part de sociétés anglaises et américaines. Lorsqu’ils ont effectué leur due diligence, les “hard facts” parlent pour le Luxembourg, avec la SCSp - (société en commandite spéciale, ndlr) – le nouveau régime de limited partnership à l’américaine – ou les fonds de dettes où la législation luxembourgeoise est plus avantageuse que celle en vigueur en Irlande. Cela dit, culturellement, les anglais et les américains se sentent plus proches de l’Irlande.
Il suffit d’observer les communautés irlandaises présentes à Boston et à New York ! De plus, les améliorations que l’Irlande apporte actuellement à ses limited partnerships et à ses “debt funds” va mener vers un “level playing eld”. Dans ce contexte, LIS parie sur le fait qu’un nombre grandissant de fonds de private equity et de fonds de dettes seront créés dans 18 mois. En tant que plus grande ManCo AIFM en PE-RE-DEPT à Luxembourg, nous avons une belle carte à jouer en Irlande où les ManCo sont plutôt liquide.
« Le Luxembourg devient un grand centre de private equity et de dette. »
Comment analysez-vous l'impact des nouvelles technologies ?
Je pense qu’elles peuvent avoir un impact très fort dans deux domaines : le T.A. et les levées de fonds. Northern Trust et Unigestion testent la première Blockchain. Cela va révolutionner l’asset servicing côté T.A. Aura- t-on besoin à long terme d’une fonction T.A. avec ce registre décentralisé ? Tous les grands acteurs travaillent sur le sujet. Cela va sans doute avoir un impact important, mais la seule question est de savoir quand. Du côté des levées de fonds, je pense qu’il est possible de challenger les habitudes. Notre industrie fonctionne encore comme il y a 50 ans : je te connais, tu me connais. C’est vraiment une approche “Rolodex”. Je pense que la levée de fonds va s’améliorer et pas seulement au niveau du matchmaking. Les investisseurs seraient acheteurs de services complémentaires comme l’analyse poussée d’un fonds ou une due diligence. Les progrès ne viendront pas d’une app ou d’une fintech – le secteur n’est pas prêt pour cela et les LP sont conservateurs –, mais de manière permettant d’augmenter les opportunités et de réduire les délais. Time is money !