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Mark Tluszcz (Mangrove Capital Partners) : Investir dans les gens et leur vision

Malgré le buzz autour du secteur de la FinTech, Mark Tluszcz estime que la prochaine grande avancée dans le secteur financier devrait venir de groupes établis, disposant de liquidités importantes tels Facebook et Google. Selon le PDG de Mangrove Capital Partners, l’investissement de son groupe dans Wix - un créateur de sites web valorisé 3 milliards de dollars - reflète son approche d’investissement dans le venture capital basée sur la confiance.

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"Le venture capital : il s’agit plus d’un art que d’une science."

 

Comment décririez-vous la relation entre l’industrie financière et la FinTech ?

 

Comme d’autres industries, le secteur financier se voit forcé de se réinventer. Ces dix dernières années, nous assistons à une transition digitale progressive. Cependant, ce secteur n’aime pas le changement, puisque l’innovation implique la réduction des marges bénéficiaires. Depuis un demi-siècle, le secteur se distingue par un service médiocre et des marges élevées. La FinTech offre aux consommateurs de meilleures opportunités en termes d’accès aux services et de facilité d’utilisation, mais les acteurs financiers continuent à être réticents à son sujet.

 

Ces vingt dernières années, quelles ont été les avancées les plus importantes pour le secteur ?

 

Deux innovations cruciales se distinguent : l’arrivée voilà 20 ans de Paypal, produit lancé par les banques elles-mêmes et actuellement valorisé 70 milliards de dollars, a profité de la peur d’utiliser des cartes de paiement et de la banque en ligne. Depuis, le prochain bond en avant se fait toujours attendre. En ce qui concerne l’investissement, Mangrove ne place pas d’argent dans la FinTech car nous croyons que la prochaine grande avancée viendra de sociétés établies comme Facebook ou Google, disposant de la force financière et d’une marque assez puissante pour développer des produits innovants. En Chine, par exemple, le géant de l’e-commerce Alibaba et le fournisseur de services en ligne Tencent utilisent leur taille et leur large base clientèle pour mener la révolution FinTech. Voilà pourquoi j’affiche peu d’optimisme concernant l’investissement dans la FinTech.

 

 

Quels sont les avantages du Luxembourg comme centre pour le private equity et le venture capital ?

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L’importance du private equity et du venture capital s’avère indéniable dans le développement des affaires globales. La croissance du secteur reflète sa capacité à capitaliser sur le conservatisme des stratégies de gestion des risques suivies par les banques, ainsi que sa flexibilité à pénétrer dans de nouveaux segments de marché. En tant que professionnels nous cherchons à développer des entreprises, mais d’une manière humaine et réfléchie. Les investissements ne demeurent pas uniquement guidés par des tableurs et des projections. Nous fondons nos décisions sur la confiance et la foi en l’attitude et la vision des personnes en qui nous investissons. Il s’agit plus d’un art que d’une science et cela implique un certain degré de risque. Grâce à son cadre législatif favorable, au soutien de ses politiques et à son expertise financière, le Luxembourg ne peut que rester dans les années à venir un centre attractif pour le private equity et le venture capital. Au niveau macro, le Grand-Duché se donne les moyens d’atteindre ses ambitions impressionnantes en menant des politiques raisonnables mais innovantes ciblant à la fois le court et le long terme. Le gouvernement soutient la FinTech en finançant une fondation d’aide aux start-ups. Par ailleurs, la création d’un cadre législatif pour le space mining fournit une autre preuve de la détermination luxembourgeoise à ouvrir la voie à la croissance et à favoriser un environnement économique tourné vers l’avenir.

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De quel investissement êtes-vous le plus fier ?

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Skype représentait un très bon placement, mais notre implication dans Wix illustre à merveille notre approche d’investissement : entrer tôt dans le capital et soutenir l’équipe contre vents et marées. En 2011, nous recevons une offre de rachat pour 400 millions de dollars. Je conseille alors à Avishai Abrahami, le PDG de Wix, de ne pas vendre, soutenant que le potentiel de la plate-forme n’est pas encore exploité. Nous décidons finalement de ne pas accepter l’offre, mais sous conditions d’Avishai : que j’assure la présidence du CA durant cinq ans une fois la société cotée. J’occupe désormais ce rôle, et Wix vaut aujourd’hui plus de 3 milliards de dollars. Étant donné que notre investissement initial se limitait à 8 millions de dollars, je considère cette entreprise comme notre plus grande success story – ainsi qu’une expérience très révélatrice.

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