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Reportage à l'America's Cup :

Par Jérôme Bloch aux Bermudes

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Out of the blue*

*De nulle part

Depuis qu'elle a pris le contrôle de l'America's Cup en 2010, l'équipe "Oracle" de Larry Ellison a révolutionné ce sport en optant pour des bateaux plus rapides et un focus sur la médiatisation d’événements. Une dynamique qui risque de changer après la victoire des Kiwis! Analyse.

 

AC45

La 34ème édition de l'America's Cup* avait permis d'ouvrir l'événement au grand public devant le Golden Gate Bridge; la 35ème l'élève au niveau de la formule 1. Comment? Avant tout en favorisant la concurrence et l'innovation technologique pour stimuler des performances fascinantes: les bateaux AC45 sont plus petits - 45 feets contre 72 lors de la dernière édition - et accueillent seulement 6 équipiers à bords. Ces changements doivent permettre à des équipes de se lancer avec un budget plus petit. Et lorsque les japonais ont hésité, les américains leur ont vendu de la technologie pour qu'ils puissent se jeter à l'eau avec des chances raisonnables de réussite. Chaque Team reçoit le même bateau : à charge pour elles de développer le meilleur design pour les foils - ces lames en carbone qui permettent aux bateaux de voler - et les commandes les plus performantes. C'est peut-être l'ironie du système actuel selon Louis-Noël Vivès du Team France : "L'argent économisé sur les bateaux et sur l'équipe est directement réinvesti dans le budget recherche et développement".​

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Innovation & navigation 

Les Néo-Zélandais ont surpris tout le monde en arrivant aux Bermudes avec des vélos installés sur leur bateau à la place des traditionnelles manivelles! Mais la course se joue aussi dans des détails beaucoup moins visibles. Les bureaux d'études sont à la manœuvre, analysant des milliers de données transmises en temps réel. Tout le monde se souvient du renversement de situation à San Francisco en 2013 où l'équipe Oracle était revenue de 1-8 à 9-8 pour garder le trophée. La manière de naviguer a énormément changé. Les manivelles ne servent plus à diriger les voiles: elles fournissent simplement l'énorme quantité d'énergie nécessaire pour faire fonctionner les foils. En d'autres termes, quatre équipiers sur six pourraient être remplacés par des batteries, ce qui déplaît aux puristes! Chaque équipe installe à chaque poste des boutons qui permettent d'activer différentes commandes comme dans un avion et il n'est d'ailleurs plus question de 'voile' mais d'"aile".

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La compétition

Avec la médiatisation croissante de l'événement, toutes les conditions sont réunies pour un spectacle grandiose, en 3 actes. Les six skippers disposent d'un charisme que les médias ont su amplifier pour mobiliser le grand public. Le Roi Spithill, le prestigieux "Sir Ben Ainslie" et son budget faramineux, le revanchard "Dean Barker", l'as des solitaires Frank Cammas. Avec de tels héros, il suffit de soigner le suspens, en trois actes: d'abord les "Qualifiers" où les 6 équipes s'affrontent. Pour la première fois depuis la création du Trophée en 1851, l'équipe américaine s'est permis - en tant que "Defender" - de jauger ses adversaires à stade et de glaner un point d'avance pour la finale. La France fut éliminée à ce stade. Durant les play-offs, les 4 challengers restants se sont affrontés avec un niveau de performance qui a ébloui les spectateurs. Les Néo-Zélandais en sont sortis non-seulement vainqueurs, mais affutés par des matchs extrêmement serrés et des nuits passées à améliorer le bateau, la stratégie et la navigation. Ses progrès furent tels que la finale pris la forme d'une domination à sens unique. 8 victoires, 1 défaite. Le nouveau roi de la voile s'appelle Peter Burling.

 

Prochaine étape: Auckland!

Avec la victoire du team Néo-Zélandais, la coupe repart à Auckland et, en vertu du "Deed of gift", les 'all blacks' pourront définir l'avenir de la coupe: bateau, formats des courses, marketing,... Larry Ellison va sans doute mal dormir car son plan prévoyait de rester aux Bermudes. Cela dit, que le fondateur d'Oracle finance la prochaine campagne pour récupérer la coupe ou pas, il restera celui qui a fait passer la plus prestigieuse course de voile du monde du statut de promenade en mer en petit comité à celui de sport global.

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