Philippe Emond (Bilia-Emond) : Emond avec Passion !
Passé en 30 ans de 9 à 380 employés et de 100 à 8000 voitures vendues par an, Philippe Emond a gardé le bon sens de ses grands-parents agriculteurs. Entrepreneur bâtisseur passionné, il s’est fait tatouer un logo BMW sur le mollet. Interview.
Pouvez-vous raconter votre histoire en quelques mots ?
Enfant, je me comportais comme un cancre discipliné. Ni mon séjour chez les frères Maristes, ni mon retour à l’école de Virton ne m’ont permis de décrocher un diplôme. Mon père m’a alors proposé de travailler pour l’entreprise familiale qui combinait une pompe à essence et une forme de ‘garden center’. J’ai travaillé cinq ans comme ça, sans être payé, jusqu’à mon mariage, à 24 ans ! J’étais très indépendant et je pense que ma carrière a été rendue possible par un conflit de génération. A 20 ans, je me taisais, à 24, je grognais et à 28, je suis parti ! J’ai été voir mon prédécesseur ‘BMW’ à Arlon pour lui offrir mes services avec comme seule référence d’être passionné ! Il m’a envoyé chez BMW qui a choisi de transférer le risque de la petite concession sur un jeune ! A 29 ans, je me suis retrouvé concessionnaire et endetté pour 10 ans ! Étape par étape, l’activité et le bâtiment ont grandi, jusqu’à l’an 2000 où nous avons construit notre ‘Big machine’ ! Le chiffre d’affaire a doublé en 2 ans. En 2007, j’ai investi en France où j’ai monté 5 concessions supplémentaires. Cette expérience m’a bien servi pour le Luxembourg car s’intégrer dans le tissu social, dénicher les bons emplacements et construire chaque business, au propre comme au figuré relève du parcours du combattant. J’ai roulé jusqu’à 100.000 kilomètres par an.
« Le Luxembourg s’est longtemps comporté comme un marché d’acheteur. J’apporte une approche de bâtisseur et de vendeur. »
Comment s’est présentée l’opportunité d’une concession au Grand-Duché ?
La marque se trouvait sur le marché mais seuls de grands groupes avaient déposé leur candidature : des Suisses, des Anglais, des Américains. Le patron de BMW Europe ayant exercé en Belgique a jugé que ces repreneurs manquaient d’ancrage local. Il m’a contacté et j’ai trouvé un accord avec les Scandinaves pour collaborer, dont le groupe s’avère très costaud. J’ai dû m’adapter pour travailler avec une société cotée en bourse car il faut anticiper, bien soigner le budget de l’année suivante, mais ça ne fait pas de mal. J’ai commencé ici en juillet 2016.
Quelle stratégie adoptez-vous ?
Lorsque j’ai fait le tour de la concession après l’avoir rachetée, j’ai ressenti un choc thermique par rapport à ce que je connaissais. Je pense que la situation de l’époque reflétait le fait que le Luxembourg s’est longtemps comporté comme un marché d’acheteurs et pas de vendeurs. Nous nous sommes tous mis au travail et je pense que nous avons énormément progressé, petit à petit. Le service, la décoration, le mobilier, l’organisation, tout y est passé. Nous avons même tarmaqué le parking. Nous avons également réorganisé l’organigramme pour offrir une expérience idéale aux clients et à nos 160 employés. Chaque nouvelle recrue renforce l’équipe toute entière. La prochaine étape passe par la construction d’une nouvelle concession près de la Cloche d’Or. J’espère vous inviter à l’inauguration au premier semestre 2022. Pour l’instant, nous avons le permis de démolir ; j’espère recevoir rapidement celui de construire.
Votre fils est professionnel de football au FC Nantes ?
Vous savez, dans la famille Emond, aucun aîné n’a succédé à son père ! (Rires) J’ai essayé de transmettre quelques valeurs à Renaud, et je suis fier de voir qu’il a développé le courage, la capacité de travail et de persévérance qui permettent d’atteindre le top niveau. Je pense que l’humilité joue un grand rôle car il arrive toujours en avance et ajoute des séances en plus de celles prévues pour l’équipe. C’est la même chose dans le monde du business. Je raconte souvent à mes collègues un paradoxe que j’aime beaucoup : les humains cherchent le moindre effort depuis des siècles, via leurs inventions ou leur bon sens, mais au final, les meilleurs sont ceux qui travaillent le plus. Et pour trouver l’énergie, l’envie et les rêves constituent une source quasi-inépuisable. Je pense qu’il y a des opportunités partout, mais face à une nappe de pétrole, certains apportent des seaux ; d’autres installent une pompe à essence : personnellement, j’opte pour une raffinerie !