
Vincent Eggen (Pictet Technologies) : accélération agile
SELON VINCENT EGGEN, DIRECTEUR GENERAL, LE MANAGEMENT AGILE ET LA LIBERTÉ D’INITIATIVE PERMETTENT À PICTET TECHNOLOGIES D’AGIR COMME ACCÉLÉRATEUR TECHNOLOGIQUE POUR RÉPONDRE AUX BESOINS DU GROUPE ET DE SES CLIENTS. INTERVIEW.
Pouvez-vous présenter Pictet Technologies en quelques mots ?
Créée en 2016, Pictet Technologies est la software factory du Groupe Pictet. A ce titre, c’est d’abord et avant tout une équipe d’experts en ingénierie logicielle. Mais c’est aussi un laboratoire. Non seulement un laboratoire technologique mais surtout et avant tout, un laboratoire concernant les modèles et pratiques d’avant-garde sur l’organisation du travail et les techniques de management moderne. L’organisation de Pictet Technologies s’inspire des modèles en entreprises libérées, ou des modèles d’organisation en sociocratie, privilégiant la liberté d’initiative, l’auto-organisation et la sécurité émotionnelle de ses collaborateurs autour de processus agiles. Comptant presque une centaine de collaborateurs aujourd’hui, ce modèle délivre toute sa puissance puisque non-seulement fiers de devenir un maillon important de la stratégie IT d’un groupe prestigieux, nous avons été récompensés par 3 titres de Great Place to Work dont une première place obtenue récemment, et un APSI Flagship Award obtenu en 2019.
"Nous servons de caisse de résonnance sur des pratiques alternatives d’organisation du travail et des processus d’ingénierie."
Comment Pictet Technologies déploie son know-how au sein du groupe et de ses clients ?
Bien que totalement indépendant, tant au niveau de son infrastructure qu’au niveau de sa politique de gestion des ressources, Pictet Technologies travaille en complète osmose avec les équipes de l’informatique Groupe sur les projets de développement. Toutes nos équipes sont composées de spécialistes des deux entités. Nos processus, et les outils en support, sont complètement intégrés et automatisés à l’extrême. Pictet Technologies repose sur une infrastructure 100% Cloud, et se trouve complètement hors de l’environnement très régulé et sécurisé des entités du Groupe. Ce qui nous impose d’une part quelques limitations sur la qualité des données avec lesquelles nous travaillons. Mais nous offre d’autre part une liberté d’expression et d’exécution qu’un environnement ultra-sécurisé ne nous permettrait pas. A ce titre, Pictet Technologies agit comme un accélérateur pour le Groupe tout en permettant à la forteresse Pictet de livrer toute sa valeur à nos clients.
Au-delà de notre savoir-faire technologique, Pictet Technologies permet aux entités du Groupe de s’inspirer de notre modèle d’organisation. Sans avoir la prétention d’influencer directement l’organisation d’un groupe aussi vaste et diversifiée que le Groupe Pictet, nous servons de caisse de résonnance sur des pratiques alternatives d’organisation du travail et des processus d’ingénierie. Nous partageons régulièrement sur nos approches, parfois clairement novatrices. Et sommes à la disposition de nos collègues pour les accompagner dans leurs propres expériences.
Quelles opportunités et challenges identifiez-vous pour la fintech dans les cinq prochaines années ?
A ce stade de la crise sanitaire et financière, il est probablement très hasardeux de se projeter sur la conjoncture au regard de ce que la scène internationale nous renvoie comme image. Mais il est clair que la crise actuelle va agir comme un consolidateur dans le secteur des Fintechs, les plus solides et matures étant probablement plus capables de passer la crise en limitant la casse. Les plus agiles aussi, car la capacité d’adaptation et de réaction va être déterminante dans les prochains mois. La tendance au tout-digital a été considérablement accélérée ce dernier trimestre. Et on pourrait bien voir quelques acteurs traditionnels sortir renforcés après la crise. L’explosion du télé-travail, et la démonstration que les infrastructures étaient globalement capables d’absorber la surcharge soudaine des flux, ont poussé les DSI à miser sur le tout-digital dans un mouvement jamais observé auparavant. Les derniers verrous technologiques et cognitifs ont finalement sautés. Il est donc fort à parier qu’avec le tout-digital, le tout-cloud va suivre, même dans des secteurs traditionnellement très prudents. Par exemple, les fintechs actives sur les segments de la sécurité des données, de l’IoT, du KYC ou celui de la mise à disposition de services B2C type call-centers auront probablement un regain d’attention. Mais il faudra attendre la sortie de crise et l’évaluation de l’ampleur de la récession à venir pour mesurer correctement l’impact réel sur l’écosystème des fintechs.