
John Psaila (Deloitte Luxembourg) : Diriger avec lucidité dans un monde qui s’accélère
John Psaila, CEO de Deloitte Luxembourg, partage sa vision du leadership stratégique, de la confiance relationnelle et de la force du collectif dans un monde dominé par la vitesse, l’incertitude et la transformation technologique.
Comment définir la réflexion stratégique dans un monde où tout va très vite ?
La question tombe à point nommé. On confond souvent leadership et réussite, comme si avancer rapidement équivalait à progresser. Mon approche diffère : se mouvoir sans cap mène rarement à quelque chose de durable. Pour moi, diriger signifie choisir le bon moment, poser une intention claire, exercer un jugement solide. Réfléchir profondément commence par identifier ce qui compte vraiment. Aujourd’hui, nous sommes submergés par les données, les sollicitations constantes et la pression de réagir instantanément. Le leadership stratégique consiste à créer un espace pour réfléchir, poser de meilleures questions et prendre des décisions qui tiennent dans le temps. La technologie a bouleversé notre manière de travailler, mais pas notre responsabilité de penser clairement et agir sciemment. Chez Deloitte, nous accueillons l’innovation quand elle sert un objectif. Nous encourageons le dialogue, nous privilégions les décisions qui façonnent l’avenir plutôt que celles qui nourrissent l’instant. L’œuvre qui perdure n’est jamais urgente : Elle est réfléchie, partagée et ancrée dans la clarté. C’est ainsi que nous avançons en toute confiance.

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Comment entretenir des relations solides dans un environnement ultra-connecté ?
Les liens forts exigent du temps. Ils ne se créent pas par des transactions mais se construisent dans la confiance. En interne, cela signifie faire preuve de constance, savoir écouter vraiment et tenir ses engagements, sans qu’on ait besoin de le demander. Les détails, révèlent l’essentiel. Avec les clients ou les associées, la dynamique reste la même. Ce que les gens retiennent, c’est la manière dont on les traite. Ils perçoivent si l’on saisit ce qui compte pour eux, si l’on reste pleinement engagé, même sous pression. Les compétences techniques sont une base. La confiance naît de l’attention. La technologie accélère les interactions et optimise les process, mais elle ne crée pas de sens. Seuls les humains y parviennent. Les meilleures relations allient rigueur et empathie. Le rythme imposé par les outils ne doit jamais surpasser l’humanité de ceux qui les utilisent. Deloitte Luxembourg fête cette année ses soixante-quinze ans dans le pays. Ce jalon incarne des partenariats solides et des valeurs partagées. Ce parcours n’est pas le fruit du hasard. Nous sommes arrivés ici en agissant avec détermination au fil du temps et avec des gens qui croyaient au cap à suivre.
"L’œuvre qui perdure n’est jamais urgente : Elle est réfléchie, partagée et ancrée dans la clarté."
Comment faire naître une conviction collective pour un avenir florissant dans un monde incertain ?
La conviction prend forme quand une direction claire s’impose et qu’une équipe s’y rallie. Elle ne réclame pas de discours grandiloquents mais repose sur la clarté, la constance et la capacité à rester aligné quand le contexte évolue. L’incertitude fait désormais partie du paysage. Les gens n’attendent pas des réponses parfaites, mais une solidité certaine. Chez Deloitte, nous aspirons à incarner cette stabilité : partager ouvertement notre vision, associer les équipes à la réflexion, ouvrir le dialogue. La technologie apporte de nouvelles possibilités et de nouvelles pressions. L’intelligence artificielle peut éclairer une décision, mais ne remplace pas la responsabilité. Ce n’est pas l’outil qui inspire confiance, mais l’usage qu’on en fait et la personne qui l’utilise. La conviction ne se décrète pas. Elle émerge lorsque chacun comprend le sens de la trajectoire et se sent inclus dans le processus. À ce moment-là, la croyance devient tangible, collective, prête à se transformer en action.
